ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Pierre Curie


Le roman inachevé d’un utopiste





Clermont-l’Hérault (1950 – 1955) :
fin de partie


Sommaire

Prologue

Introduction

Clermont-l’Hérault
La nomination
Accueil
Clermont-l’Hérault
À pied d’œuvre
Les jeunes
Communauté active
Ouvrir la communauté
Une porte s’ouvre
Difficultés
Un pasteur communiste ?
Point d’orgue
Parole d’utopie
Fin de partie

Saint-Quentin

Bruay-en-Artois

Tourcoing

La crise

Épilogue




. . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . .

   Dans sa cinquième année, le poste de Clermont-l’Hérault connut les difficultés inhérentes à son développement, au moins dans deux domaines.
   Celui de la jeunesse, d’abord. Le Club d’enfants de 1950 était devenu en 1955 un Club d’adolescents, pour lesquels se posaient désormais avec acuité les problèmes de l’adolescence en milieu populaire, en particulier ceux liés à l’éveil de la sexualité. Nous nous trouvions confrontés au renouvellement des cadres : un groupe d’une dizaine de garçons de douze à quinze ans exigeait la présence d’un chef capable de canaliser leur énergie dans des activités plus viriles, mais ces cadres nouveaux nous faisaient défaut.
   Celui des locaux, ensuite. Notre logement n’avait pas résolu l’exiguïté de la salle du Foyer, et bien des activités, en particulier celles du Club, se tenaient chez nous. Encore une fois, nous mesurions l’insuffisance des moyens mis à notre disposition : de nouveau, nous nous épuisions.

   Pour tenter de desserrer l’étreinte, nous avions formé deux projets L’un qui, nous semblait-il, aurait pu structurer l’action menée jusque-là, et aider par un élargissement de notre assise à la solution de ces problèmes aigus : établir un Conseil de poste tripartite, avec des représentants du Comité régional, du Conseil de Saint-Pargoire et des membres de Clermont ; le second était la proposition d’achat ou de location d’un grand baraquement (comme on en trouvait à l’époque, provenant des dons américains), et installé sur un terrain loué à la municipalité de Clermont.
   Nous avons informé la SEBAL de ces projets mais, même si le message annoncé depuis cinq ans n’était pas ouvertement contesté, l’orientation générale qui avait été donnée, et surtout l’engage­ment social et politique, posaient question à nos responsables montpelliérains, même si nous n’en avons jamais été clairement informés. Aussi, lorsque leur parvint la demande d’édification ou d’élargis­sement d’un nouveau Foyer, l’argument économique nous fut opposé : l’argent manquait !
   Et pourtant, à quelques semaines de là, nous apprenions que la SEBAL débloquait des fonds pour la construction d’une chapelle moderne à Carron-Plage, afin de desservir pendant les trois mois d’été les protestants en vacances sur la côte ! Ce fut réalisé, mais pendant les autres neuf mois la chapelle restait fermée, tandis qu’à Clermont l’action se déployait sur l’année entière !

   Des paroles d’adieu que je laissais le vingt-six juin 1955 aux amis de Clermont-l’Hérault rassemblés une dernière fois, je retrouve celles-ci : « Lorsque je pense à vous tous et que je jette un regard en arrière, je ne peux pas oublier les chrétiens de Corinthe au temps de l’apôtre Paul, et je suis frappé de constater que la communauté que nous formons ressemble à celle qui vivait en ce premier siècle à Corinthe : il n’y avait pas beaucoup de sages et de puissants ni de nobles, mais ils étaient en grande partie des gens simples, de condition modeste… Et comme l’apôtre Paul, l’unique raison de notre présence ici a été de vivre avec vous le message de libération de Jésus-Christ. Pendant cinq ans, nous avons essayé de vous le dire par notre prédication, dans les conférences organisées et les veillées de semaine, à travers même les jeux et les activités du Club d’enfants, à travers nos recherches parfois difficiles et notre simple amitié humaine ».

   Nous n’avons pas été mis en demeure de laisser la place à celui qui devait nous succéder, mais la lassitude eut enfin raison de notre enthousiasme. Nous quittâmes Clermont-l’Hérault au mois de juillet 1955.

   Pour l’anecdote chargée d’humour noir, environ une année après l’installation de notre successeur un nouveau Foyer était acheté, à l’inauguration duquel on omit de nous inviter…
   Néanmoins nous ne fumes pas entièrement oublié, puisque « Constitué en assemblée générale de la Société d’évangélisation du Bas-Languedoc, le synode de la huitième région, réuni à Quissac les dix-neuf, vingt et vingt-et-un novembre 1955, tient à exprimer au pasteur Pierre Curie sa reconnaissance pour le ministère qu’il a accompli avec fidélité et persévérance dans le poste de Clermont-l’Hérault et au milieu de circonstances matérielles et morales souvent difficiles. Il le présente à Dieu dans son nouveau ministère et l’assure de son affection fraternelle ».



1992




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