Sommaire
Prologue
Introduction
Clermont-l’Hérault
La nomination
Accueil
Clermont-l’Hérault
À pied d’œuvre
Les jeunes
Communauté active
Ouvrir la communauté
Une porte s’ouvre
Difficultés
Un pasteur communiste ?
Point d’orgue
Parole d’utopie
- À hauteur d’homme
- Témoins de cet homme
- Message à tout homme
Fin de partie
Saint-Quentin
Bruay-en-Artois
Tourcoing
La crise
Épilogue
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Un message à tout homme
L’appel à aimer est universel, dans notre siècle inquiet, en proie à la peur et à la haine. Chacun peut entendre prononcer secrètement son nom, qu’il soit indifférent ou sceptique, communiste ou anticommuniste, dans le confort de la vie ou menacé par le chômage. Notre destin n’est pas fixé par nos croyances ou nos incroyances. Retrouver l’essentiel : la parole d’amour qui apaise notre soif de vie.
Comment passer des ténèbres à la lumière ? Comme cet aveugle de Jéricho, les hommes vont souvent mendiant au long des sentiers du monde un bonheur qui les fuit sans cesse, ils espèrent découvrir le secret de leur vie en attendant leur mort. Mais cette parole de notre vie dort-elle, peut-être en nous ?
Et puis, il y a l’obstacle des Églises, qui suivent le Christ, et que le spectacle de ceux que la souffrance, la misère ou la révolte aveuglent paraît gêner parfois… ce peuple immense de prolétaires sans espoir souvent, ces révoltés et aigris par l’injustice du monde… aveuglés par leur trop dur destin, dépendants de l’indifférence des nantis ou de leur maigre charité. Tous ceux-là attendent peut-être un grand revirement du monde et de leur existence et, parfois, la foule des Églises voudrait les faire taire. Alors cette voix du désespoir de l’homme crie plus fort que la timidité ou la tiédeur des Églises… Le Christ s’arrête et la rencontre bouleverse tout. L’amour ne contraint jamais, il attend l’amour et le suscite. Dans la liberté de la foi, le miracle s’accomplit.
On joue à « qui perd gagne » ! Sauver sa vie, ou la perdre ? Sauver sa vie de la loi impitoyable du plus fort, du plus habile, en étant soi-même le plus fort, le plus habile, le plus riche ou le mieux outillé. Sauver sa vie de la peur de l’autre. L’homme n’a plus de frères, il n’a que des voisins, parfois des amis dont il n’est jamais sûr. Aujourd’hui on sympathise, demain on jalousera ou haïra, et chacun répète la vieille parole : « je ne suis pas le gardien de mon frère ». Chacun pour soi et Dieu pour tous ! Les forts, les débrouillards et les riches ont seuls droit à la vie. Mais le jour vient, inévitable, où l’on part pauvre et nu, solitaire.
Perdre sa vie, ce n’est pas la mépriser. Le chrétien aime la vie passionnément : il la garde et la protège, la sienne comme celle des autres. C’est pourquoi il ne peut pas accepter qu’au nom de quelque intérêt de l’espèce ou de la race, on supprime par des expériences dites « scientifiques » des vies humaines, et le chrétien ne peut qu’haïr la guerre. Paradoxalement, perdre sa vie c’est d’abord la garder, en renonçant à soi-même. Entre le Christ et son disciple existe un lien profond, celui qui unit le cep aux sarments, une sève commune.
Tout est prêt ! Dans le monde nouveau de l’amour, de la justice et de la plénitude, personne ne sera plus dans le besoin. Il ne sera plus livré au hasard, mais une autorité l’inspirera et le guidera, sa loi ne sera plus celle du plus fort ou de l’intérêt, des passions ou de la violence, mais celle qui préside au festin : la loi du partage, de la communion, de l’amour fraternel, de la paix et de la joie. Ceci n’est pas un rêve, puisque par sa parole et par sa vie un homme parmi les hommes a été le type de l’homme de ce monde nouveau, désormais à la portée de chacun. Il suffit d’entrer, puisque tout est prêt !
Mais il y a ceux qui sont satisfaits de la réussite de leur travail, de la force de leurs bras ou de la générosité de leur cœur. Tant pis ! Le monde nouveau ne sera pas pour eux, puisqu’ils s’en sont exclus d’eux-mêmes. Alors voici : les pauvres, tous ceux qui ont faim et soif de justice, qui attendent ce monde de partage et de communion, de la paix et de la joie, les estropiés qui vivent dans la dépendance et le bon vouloir, les aigris par une vie de soucis et de luttes, les boiteux dont la vie cloche quelque part et qui n’ont parfois pas bonne réputation, les aveugles qui cherchent en tâtonnant un sens à leur existence, à tous ceux-là il est dit : ta vie n’est pas vouée sans espoir au mal, à la souffrance, à la solitude, à la loi de la jungle ; elle n’est pas livrée à la force brutale des puissants et des riches, elle est destinée à rencontrer l’amour dont elle est entourée.
Contrains-les ! Non par la force, qui appelle toujours à la résistance, mais par l’amour qui seul est puissance pacifique de contrainte.
Alors, utopie ?
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