Sommaire
Prologue
Introduction
Clermont-l’Hérault
La nomination
Accueil
Clermont-l’Hérault
À pied d’œuvre
Les jeunes
Communauté active
Ouvrir la communauté
Une porte s’ouvre
Difficultés
Un pasteur communiste ?
Point d’orgue
Parole d’utopie
- À hauteur d’homme
- Témoins de cet homme
- Message à tout homme
Fin de partie
Saint-Quentin
Bruay-en-Artois
Tourcoing
La crise
Épilogue
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Des témoins de cet homme nouveau
Un juif orthodoxe et sectaire, Saül de Tarse, voulait anéantir cette liberté, quand soudain, sur le chemin… Sa conversion a été une certaine manière de vivre sa relation à Dieu, conversion de la « religion » à la « foi ». Après l’avoir vécue comme obéissance rageuse à la Loi et à ses commandements, Saül vit un événement révolutionnaire. La vérité n’est plus l’idée qu’il s’en faisait : il découvre que la vérité arrête l’homme, l’ébranle, le brise et le libère du carcan de sa Loi. Désormais, il ira là où la vérité qu’il ne possède pas le conduira. La vie de la « foi » est libre des opinions toutes faites, et ouverte et disponible. Voilà le secret de la liberté.
Non plus comme des brebis errantes ! Ce n’est pas le monde qui fait défaut autour de moi : que de guides sollicitent mon engagement ! Que de mercantis du bon Dieu je trouve sur mon chemin ! Tous portent un nom terrifiant : chacun à sa manière s’appelle « Monsieur Personne ». Entendre à travers tous ces récits bibliques une voix gratuite dans le brouhaha, qui donne à cet homme égaré et solitaire dans la multitude sa propre identité afin qu’il puisse dire : je sais où je vais parce que je sais qui me conduit.
Vivre, aujourd’hui, c’est s’approprier la grâce de Dieu, la grâce de la réconciliation, la grâce d’une paisible assurance, d’une humble et joyeuse confiance en face de la vie et de la mort. Vivre, avoir un aujourd’hui, c’est non seulement le manger et le boire, mais la justice et la paix.
Mais qu’est-ce qu’avoir une identité, avoir un nom ? Seul le pauvre porte un nom : il s’appelle Lazare. Dans ce monde, « l’enfer c’est les autres » a-t-on dit ! En effet, on y découvre des hommes anonymes, n’ayant que l’apparence de la vie, des irresponsables. On voit aussi la richesse du monde gaspillée et destinée à satisfaire la jouissance et la domination de certains. On voit des hommes méprisés. Tragique réalité d’un monde sans amour, l’enfer vraiment, qui n’a qu’un terme : la mort, qui ne sauve même pas le riche qui finit comme le pauvre.
Mais l’homme sur cette terre est responsable de son destin. Ce monde inhumain parce que privé d’amour peut devenir un monde nouveau, humain, si chacun retrouve son identité, comme celui qui fut le pauvre dont les pauvres de la terre sont la parabole et le signe, et qui a connu le mortel mépris des riches et des puissants, des orgueilleux et des lâches, de tous les irresponsables et les anonymes qui se liguèrent pour le jeter dehors. Ce pauvre fut seul détenteur de la vie, car il portait un nom parmi les anonymes et a ainsi détruit l’enfer.
Mais quelle est la responsabilité de ceux qui portent un nom, qui ont une identité ? « Vous êtes le sel de la terre ». C’est un fait acquis, une grâce : « vous êtes » ! Le sel, l’image de purification, de fertilisation et de vie, signe d’alliance. Telle est la responsabilité de ceux qui tiennent à ce nom, témoin de cette richesse qui assainit, purifie de cet enfer. Sur une croix, une fois pour toutes, le sel purificateur de l’amour a été jeté en pleine terre humaine. Et si le sel perd sa saveur ? Certes, il est encore là, mais il n’a plus aucune action vivante, il est fade et écœurant. L’Église est sans doute encore là, mais comme un cadavre qui, lentement, empoisonne le monde et parfois dégoûte les hommes qui s’approchent d’elle.
Alors à quoi sert la foi ? Ne suffirait-il pas de retrouver l’humain ? Cette sagesse n’est-elle pas illusoire ? Le respect de la personne humaine, l’amour de l’humanité ! Les événements nous montrent chaque jour que ces « grandes idées » comptent souvent bien peu à l’échelle des nations comme à celle des individus. Nos amis communistes n’auraient-ils pas raison d’affirmer que la foi chrétienne est une réalité du passé, qu’il n’est même plus besoin de combattre ?
Foi et vie sont liées. La foi n’est ni religion ni désertion des combats pour la vie. Lutter contre le mal sous toutes ses figures, dénoncer le mensonge, l’erreur, l’injustice, les scandales, allons donc ! À quoi cela servirait-il, puisque tout est décidé une fois pour toutes ? Je suis sauvé ! Que chacun se débrouille ! Croire pour servir ? Sans amour, la foi n’est plus. « Ce que vous avez fait à l’un des plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » !
Dieu ne choisit ni la force, ni la puissance. La politique des hommes est celle du plus fort, du mieux armé, de celui qui possède les derniers secrets atomiques ou bactériologiques ; c’est la politique du plus grand nombre de divisions militaires et d’avions supersoniques, la politique des belles promesses qu’on ne tiendra pas, la politique de la peur. La politique de Dieu est fondée sur la faiblesse de notre condition d’homme et sur une poignée d’hommes à la fois audacieux et prudents, sans compromission ni lâcheté.
Des hommes, au lendemain de la Pentecôte, débutèrent la grande aventure et le combat de l’évangélisation d’un monde bardé d’idoles, adorateur de la puissance de Rome après celle d’Athènes, aimant le succès facile, les beaux parleurs et le luxe. Là, un petit nombre avec quelques autres essaimèrent sur tout le bassin méditerranéen et y allumèrent ces petites torches que furent les premières Églises, dont la voix allait bientôt secouer ce monde jusque dans ses fondements.
Mais qui donc est le « diable », l’adversaire de la foi ? On a dit que le diable c’était Hitler, mais Hitler est mort ! Alors le diable fut Staline, mais Staline est mort… et le diable court toujours ! Le diable est rusé : il s’insinue partout, aux endroits les plus inattendus, il désagrège, décompose tout, détruit la confiance entre deux êtres, sème le soupçon sur toute parole ou promesse. Pour lui, toute action est intéressée : il suggère que tout n’est qu’intérêt et hypocrisie, et en même temps il inspire l’intérêt et l’hypocrisie. Le diable n’aime pas ce qui est clair et transparent, il cherche « l’occasion » qui sera notre « épreuve ».
La foi est résistance. Nous ne vivons pas de nos réserves de foi, d’enthousiasme, de bonne volonté ou de piété. Nous ne vivons que de la grâce de Dieu, qui nous libèrera de tous nos démons.
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