Le roman inachevé d’un utopiste

Création et alliance :
le chant du monde

   Le monde a un commencement, donc une histoire. Ce récit du livre de la Genèse est un mythe et non une relation historique ou une description scientifique, plutôt une vaste parabole.

   Le monde est l’expression d’une parole, mais la parole est aussi l’acte. « Quand Dieu dit, la chose existe » affirme le psalmiste (Ps 33:9). Ainsi, le monde dont nous nous émerveillons est une parole de Dieu qui ne peut pas rester seul avec lui-même, mais n’existe que dans une alliance, fruit de l’amour. Alors, nous pouvons nous réjouir sans réserve de tout ce qui est, de cette lumière violente ou contrastée, ou douce comme les pastels, de cette terre avec sa surabondante richesse, de ces animaux qui sont nos frères inférieurs… Le monde entier s’épanouit en une œuvre grandiose, une œuvre d’art parfaite… qui attend son destinataire : l’homme, masculin et féminin, image et non lueur évanescente, mais force d’une relation, surgissement d’amour : Dieu en mouvement d’existence, fécondité et permanente promesse de vie.
   Toutes les sphères de la vie convergent vers l’homme pour qu’il « domine » la terre, non pour l’écraser mais la servir, ordonner toutes choses à l’amour, et que la vie s’accroisse, se communique, s’épanouisse infiniment. Les nourritures terrestres sont livrées à la jouissance de la créature bonne et parfaite.

   Le dernier moment du monde : le grand repos de l’artiste qui, l’œuvre achevée, « par-faite », prend du recul et l’embrasse d’un regard exclusif dans un acte d’amour. Repos de l’homme aussi, qui suspend son acte pour une réflexion sur le monde, ses questions et ses attentes, ses harmonies et sa beauté. Jamais fuite, toujours resourcement !