ANALYSE RÉFÉRENTIELLE
ET ARCHÉOLOGIQUE
Pierre Curie
Le roman inachevé d’un utopiste
Tourcoing (1960-1967) :
parole d’utopie
Sommaire
Prologue
Introduction
Clermont-l’Hérault
Saint-Quentin
Bruay-en-Artois
Tourcoing
-
Introduction
-
Le protestantisme
à
Tourcoing
-
Communauté
vivante
-
Sensibilisations
-
Parole d’utopie
.
Introduction
.
Création
et alliance
.
Mort de la religion
-
Quel temple ?
-
Le Christ
athée
.
Résurrection
.
Reniement
et foi
.
L’alternative
.
De la solitude
à la
communion
.
À l’œuvre
dans le monde
-
L’impasse
-
Recherche
de structures
nouvelles
-
Expériences
nouvelles
-
Vers
la crise
La crise
Épilogue
. . . . . . . . - o
0
o - . . . . . . . .
Mort de la religion :
quel temple ?
À travers bien des péripéties de l’histoire
d’Israël, le
temple de
Jérusalem a toujours symbolisé le lieu de la présence cachée de
Dieu au milieu de
son peuple, et celui du culte rendu par
le peuple par le sacrifice, le jour de la Pâque, souvenir actualisé de la grande libération de l’esclavage en
Égypte.
Au temps de
Jésus, ce seul lieu de « liberté » et de fierté nationale ombrageuse et intransigeante, que les
Romains ni leur monnaie à l’effigie de
César ne pouvaient souiller de leur présence, était devenu lieu de trafic d’argent et de commerce d’animaux pour le sacrifice.
Avec un fouet de cordes,
Jésus chassa «
tous les vendeurs du
temple, ainsi que les brebis et les bœufs ;
il dispersa la monnaie des changeurs et renversa leurs tables
»
(1)
.
Il manifestait ainsi une extraordinaire autorité : la « pureté » du
temple de
Jérusalem, comme celle des croyants
d’Israël, ne consistait pas à se mettre hors de portée de « l’impureté » du monde, puisque le « sacrifice » était occasion de trafic, et le culte acte religieux favorisant la bonne conscience des croyants. Le « service religieux » et la religion étaient vains désormais.
Que
Jésus donne un signe de cette autorité révolutionnaire qui mettait fin à la religion ! «
Détruisez ce temple, en trois jours je le relèverai
»,
répond-t-il. Quel temple ? Réponse ambiguë, et incomprise parce que
Jésus n’est pas une apparence d’homme qui cacherait un
dieu : issu de notre humanité commune,
il ne détient aucune puissance surnaturelle, son autorité vulnérable, contestable, ambiguë, n’avait pas l’évidence de l’institution qui pesait de tout le poids de sa tradition, de ses pierres et des fastes de son culte.
Jésus ne donnait aucun signe miraculeux et répondait par l’ambiguïté d’une parole. Il faudra le commentaire pour que le voile soit levé : «
il parlait du temple de son corps
».
Scandale pour les croyants
d’Israël !
Dieu présent dans le « corps », la vie de
ce simple homme de
Nazareth ; parole « d’athée », négation de la religion du
Dieu tout-puissant, et fin de la séparation entre
Israël et les nations.
Mais temple détruit : la seule « purification » possible est offrande, vie donnée pour l’autre, amour.
Jésus de
Nazareth, homme pour les autres, est corps détruit pour que le dynamisme de l’esprit éveille à la vie les hommes par l’amour. Le « temple de
Dieu » est désormais dans le monde, comme le grain de blé qui doit mourir pour porter du fruit.
(11 avril 1965 –
Jean 2:
21
)
______________
(1)
Voir
l’analyse référentielle et archéologique de l’expulsion des vendeurs du
temple (par
Ennio Floris, 1987)
1992
tc434210 : 21/07/2019