ANALYSE RÉFÉRENTIELLE
ET ARCHÉOLOGIQUE
Pierre Curie
Le roman inachevé d’un utopiste
La crise
(juin 1967 – juin 1968)
Sommaire
Prologue
Introduction
Clermont-l’Hérault
Saint-Quentin
Bruay-en-Artois
Tourcoing
La crise
-
Introduction
-
Changer...
-
Les Centres
régionaux
-
Le Centre du Nord
-
Faire
front
-
Aux limites
-
Double
jeu
-
Visite
d’Albert Gaillard
-
Interventions
en soutien
-
La réunion
de Palaiseau
-
Le synode
de Royan
-
La dernière
proposition
-
Contrepoint
Épilogue
. . . . . . . . - o
0
o - . . . . . . . .
Le centre de recherche du Nord
Le Centre de recherche du
Nord se définissait en 1968 comme un Centre protestant de recherche et de dialogue.
« Protestant », non comme un «
organisme confessionnel, uniquement au service de la formation interne des laïcs protestants
», mais «
parce qu’il existe à l’initiative de membres d’origine et de formation protestants… Il reconnaît la paternité du protestantisme réformé pour la dépasser
».
« Recherche », afin de «
contribuer à améliorer les relations humaines et les structures de la vie sociale, approfondir le sens de la responsabilité individuelle et collective pour le service de tous les hommes
» (article 2 des statuts du Centre). «
C’est pourquoi, si le Centre du
Nord est protestant par son origine, il renonce délibérément à toute « confession de foi » préétablie, qui tendrait à devenir dogmes figés, croyances nécessaires. Il refuse délibérément de fixer à l’avance une limite à cette recherche libre et totalement gratuite
».
« Dialogue », enfin : ce qui est sa «
structure fondamentale
» et son «
unique option
» ; le Centre invitait «
non seulement les protestants décidés à étudier les implications de leur foi dans le monde moderne, mais aussi des personnes de toute appartenance qui désirent confronter leurs options et leurs convictions sur les problèmes humains sans qu’aucun n’abandonne sa personnalité propre
» (article 2 des statuts du Centre).
Le destin du Centre du
Nord, qui avait choisi la voie de la recherche sans limite, libre et gratuite, de plus en plus contesté et accusé de troubler les consciences des protestants du
Nord, et celui des expériences implantées à
Tourcoing, déjà condamnées elles-mêmes, se trouvèrent définitivement liés au cours des quelques mois de l’année 1968. Tandis que j’étais moi-même prié de les abandonner en juin 1968, le
pasteur Ennio Floris
(1)
, directeur du Centre du
Nord, devait connaître un sort identique une année plus tard.
Ainsi le combat mené dans le
Nord, déjà engagé depuis
Clermont-l’Hérault dix-huit ans auparavant, n’était ni isolé ni fortuit, mais participait bien au mouvement révolutionnaire qui ébranlait en 1968 la société française et secouait aussi les Églises. C’est la raison qui me fit, contre toute raison, affronter la fin de non-recevoir de l’Église réformée, espérant encore contre toute espérance. Sans illusions, en effet, car je ne doutais pas, dans le même temps, que j’allais devoir bientôt m’effacer puisque j’avais transgressé la frontière impardonnable qui séparait par la « confession de foi » « l’Église » de « l’autre Église ».
______________
(1) Voir une
brêve biographie
d’Ennio Floris
par
Jacques Lochard (1986),
l’autobiographie
d’Ennio Floris (2012), et son
autobiografia
(2005).
1992
tc440300 : 01/08/2019