Le roman inachevé d’un utopiste

Aux limites de l’impossible :
auprès des travailleurs étrangers

   À partir d’octobre 1967, la situation devenue « ubuesque » se prolongea jusqu’à l’ultime limite de la fin du printemps 1968, qui suspendit définitive­ment ce roman inachevé… En effet, tandis que la paroisse de Tourcoing était officiellement mise en sommeil, privée de son pasteur placé en situation « hors cadre » dans l’Église réformée de France et exclu de la communauté des pasteurs du Nord, non seulement le groupe œcuménique (1) et ceux de la paix (2) et de recherche biblique (3) poursuivirent leurs activités, que j’animais désormais avec une équipe qui ne conservait d’autre attache et d’autre reconnaissance que celle du Centre régional du Nord. Mais défiant le désenchantement, l’écœure­ment même, et refusant l’abandon, quelques autres signes porteurs d’espoir furent encore dressés à Tourcoing.

   Répondant à un appel du Service social nord-africain de Tourcoing, qui était en quête de local pour dispenser des cours d’alphabétisation et d’arabisation, et proposer une aide aux femmes algériennes pour leurs travaux de couture, une équipe animatrice de deux membres du Service social nord-africain, dont un algérien de l’associa­tion « Caritas » et quatre protestants de Tourcoing et de Lille se constitua à notre initiative à partir d’octobre 1967 et s’installa dans les locaux de la Fraternité de la rue de la Malcense.
   Ce nouveau groupe tourquennois n’eut hélas qu’une existence éphémère et ne trouva que le temps d’ébaucher des projets sans lendemain.

   Néanmoins, sous les auspices du Centre du Nord, il nous fut donné de contribuer à élargir le dialogue avec les travailleurs immigrés de la région des Flandres grâce à un colloque qui intéressa la métropole lilloise, les trois et quatre février 1968 à Marcq-en-Barœul, entre Lille et Tourcoing. Au cours de ce week-end où furent exposés par des représentants de l’administration française les aspects économiques et humains de l’immigration étrangère dans le Nord, ainsi que les problèmes de réglementation de l’immigration, la voix autorisée des « immigrants » eut tout le loisir de s’exprimer avec franchise, parfois avec une certaine rudesse, par des diplomates algériens et des responsables syndicaux d’Afrique noire.
   Un dialogue constructif s’instaura alors dans des groupes de l’assemblée, qui abordèrent dans leurs aspects concrets les situations vécues par les immigrants du Nord au niveau de l’habitat, de la santé, de l’enseignement et de la formation profes­sionnelle des jeunes et des adultes, des femmes aussi, ainsi que de l’organisation des loisirs et des cultures particulières.
   Une interview à la télévision régionale donna connaissance de la tenue de ce colloque et des résultats des travaux de ses différentes commissions.

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Voir l'histoire du groupe œcuménique.   

Voir l'histoire du groupe pour la paix.   

Voir l'histoire du groupe de recherche biblique.