ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Sur les bords du Jourdain

(Mc 1:1-13)




Le bâtard :

le fils de Joseph



Sommaire
Prologue

La méthode

Le bâtard
- Introduction
- Le fils de Marie
- Le fils de prostitution
- Marie, femme prostituée ?
- Les récits sur Marie
- L’enfant sauvé par Yahvé
- Le samaritain
- L’homme sans père
- Le fils de David
- Le fils de Joseph
  . La naissance
  . La généalogie
  . Évangiles : Luc et Jean
- Qui est ma mère ?
- La mère de Jésus
- Le père de Jésus
- Résumé

De Nazareth au Jourdain
La crise spirituelle
La pratique du baptême
Recherche sur le discours
Le corpus du discours
Analyse du discours
Genèse du discours
Jésus, le nouvel Élie
Procès d’excommunication
Le délire et le désert
Des événements au texte



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La généalogie de Jésus


   Matthieu divise la chaîne des générations de la généalogie de Jésus (Mt 1:2-16) en trois périodes : d’Abraham à David, de David à la déportation à Babylone et de la déportation à Jésus-Christ ; il affirme que chaque période est de quatorze générations (Mt 1:17). Or si nous prenons le soin de les compter, nous constatons qu’il y en a bien quatorze dans la première et dans la deuxième période mais qu’il y en a seulement treize, de Jéchonias–Salathiel à Joseph–Jésus-Christ, dans la dernière. La quatorzième génération manque, comment l’expliquer ?

   On peut répondre que l’écrivain a mal fait ses comptes, mais il serait bien étonnant qu’il se soit proposé de faire cette division par séries de quatorze générations – division qui avait sans doute pour lui une signification symbolique – sans la vérifier, d’autant plus que, s’agissant d’une généalogie non historique, il aurait pu facilement en ajouter une. Il est possible aussi de dire qu’il s’agit d’une erreur des copistes, mais cette réponse n’est que la pilule que les exégètes s’efforcent de faire avaler au lecteur toutes les fois où ils se trouvent devant une aporie du texte.

   Je pense que ce manque constitue une espèce de lapsus : l’auteur se trouvait devant une génération, celle de Jésus, qui était double car il s’agissait non seulement de la naissance de Jésus, mais aussi de celle de Jésus-Christ (Mt 1:1 ; 17 ; 18). En effet, en tant que Christ, le dernier rejeton de la généalogie avait un père légal, Joseph, car il devait naître d’une mère vierge, mais en tant que Jésus il naissait d’une femme fécondée par un homme. Il s’agit de la condition dans laquelle se trouvait le héros, selon le mythe : à la fois fils d’une mère épouse d’un homme et fils d’une vierge épouse d’un dieu.
   L’évangéliste avait à l’esprit les deux générations – la christologique et l’historique – qui, tout en se situant à des niveaux différents, en venaient à se heurter au niveau de la même généalogie. Naturellement, la génération charnelle et historique devenait objet de censure et de refoulement car Jésus ne devait naître que du Saint Esprit. L’absence d’une génération peut donc s’expliquer par cette censure, d’autant plus nécessaire qu’il s’agissait de refouler que Marie était une adultère et son enfant un bâtard. L’existence de cette génération adultérine se manifeste par le vide que crée son absence. Ici aussi, le Joseph époux de la vierge rejette dans le non-dit du texte l’homme sans nom qui a couché avec Marie.



1984




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