Sommaire
Prologue
La méthode
Le bâtard
- Introduction
- Le fils de Marie
- Le fils de prostitution
- Marie, femme prostituée ?
- Les récits sur Marie
- L’enfant sauvé par Yahvé
- Le samaritain
- L’homme sans père
- Le fils de David
- Le fils de Joseph
- Qui est ma mère ?
. Jésus sous tutelle
. Les deux Marie
- La mère de Jésus
- Le père de Jésus
- Résumé
De Nazareth au Jourdain
La crise spirituelle
La pratique du baptême
Recherche sur le discours
Le corpus du discours
Analyse du discours
Genèse du discours
Jésus, le nouvel Élie
Procès d’excommunication
Le délire et le désert
Des événements au texte
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Jésus, homme sous tutelle
Chez Matthieu et chez Luc, la séquence sur la venue de la mère et des frères de Jésus est isolée, de sorte qu’elle apparaît comme un simple support du logion. Chez Marc, au contraire, elle trouve son sens dans sa relation à une information précédente, où « les siens » (c’est-à-dire ceux de la famille de Jésus), le croyant fou, viennent à Capharnaüm avec l’intention de le capturer (Mc 3:21). Dès lors la mère et les frères qui demandent à le voir ne sont autres que ceux qui étaient venus pour le saisir.
L’information est si scandaleuse qu’elle devait être, à l’origine, une accusation juive contre Jésus : les accusateurs voulaient prouver son aliénation en s’appuyant sur le témoignage de ses frères et de sa mère. Le fait qu’il s’agisse d’une accusation juive exploitée comme information est confirmé par la censure exercée par Marc et par le rejet complet de Matthieu et de Luc.
Marc offre un contexte biographique qui permet de bien préciser le sens et la portée de l’interrogation de Jésus. Sa mère et ses frères étaient bien allés chez lui pour le saisir. Leur présence est troublante et intrigue, dans la mesure où ils viennent à Capharnaüm en même temps que les scribes, qui semblent poursuivre un but semblable. En effet, tandis que ses parents le croient fou, les scribes l’accusent d’être un homme « possédé par les démons ». Selon la mentalité de l’époque, « être possédé par le démon » et « être fou » étaient choses semblables ; dès lors, on peut imaginer que la mère et les frères de Jésus s’étaient entendus avec les scribes de Jérusalem pour le saisir.
Mais de quel droit ? Seulement de celui d’être considérés comme sa mère et ses frères. Dans ce contexte, l’attitude de Jésus est la réponse la plus adéquate : il refuse de les recevoir parce qu’il ne les reconnaît pas comme mère ni frères. S’ils avaient été vraiment sa mère et ses frères, cette fin de non-recevoir aurait eu d’autres conséquences. L’interrogation « qui est ma mère et qui sont mes frères » signifiait donc : êtes-vous ma mère et mes frères, pour avoir un droit sur moi ?
Jésus revendique ainsi son droit d’homme libre. Il faut alors supposer qu’il avait vécu auprès d’eux en étranger, lié seulement par un contrat de cohabitation. Ainsi Marie, dont Jésus au dire des gens était le fils, n’était pas sa véritable mère. Était-elle alors une nourrice, ou une parente qui l’avait accueilli en échange de son travail ? Quoi qu’il en soit, Jésus avait vécu si longtemps auprès d’elle qu’il était considéré comme son fils.
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