Sur les bords du Jourdain

La génération d’Abraham

   S’il est légitime de penser que l’apostrophe « race des vipères » concernait les pharisiens et les sadducéens et non tous les juifs, il n’en demeure pas moins que, pour Jésus, ceux-ci n’avaient pas le droit de s’appeler « fils d’Abraham » du seul fait qu’ils en descendaient selon la chair. Jésus avait-il remis en question les passages bibliques concernant les promesses de Dieu à Abraham et à David ? Sans doute non. Mais du fait qu’il parle toujours de « fils d’Abraham », il s’agit moins d’une rupture avec les Écritures que d’une nouvelle interprétation.

   Comme je l’ai déjà dit, Jésus considère la génération d’Abraham selon l’esprit et non selon la chair. Il a principalement trouvé le point de départ de cette interprétation dans le message d’Osée, centré sur l’annonce d’une alliance dans laquelle Dieu deviendra père d’enfants bâtards (Os 3 ; 6). Il convient d’y ajouter les passages d’Ézéchiel dans lesquels les origines du peuple sont assimilées à celles d’une génération de bâtards (Éz 16).
   Je reviendrai sur ces références dans les chapitres suivants (Osée et Ézéchiel).