Sommaire
Prologue
La méthode
Le bâtard
De Nazareth au Jourdain
La crise spirituelle
La pratique du baptême
Recherche sur le discours
Le corpus du discours
Analyse du discours
Genèse du discours
- Introduction
- La purification
- La crise
- Les références bibliques
- La vision d’Osée
. Introduction
. Points thématiques
- Les fils d’Israël
- Dieu
- Le péché
- La conversion
. Osée et Jésus
. Correspondances
- Le message d’Ézéchiel
- Le Dieu de Jésus
- La personnalité de Jésus
- Le discours
- Résumé
Jésus, le nouvel Élie
Procès d’excommunication
Le délire et le désert
Des événements au texte
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Les points thématiques de la rencontre :
la notion de Dieu
Le choc fut suivi d’étonnement, car ce même message offrait de Dieu une image qui n’était pas celle du Dieu de la tradition mosaïque, inexorablement conditionné par la légitimité de la race d’Abraham. En effet, si Dieu est père d’enfants de prostitution, sa paternité n’est pas liée à la légitimité de naissance. Les privilèges qui découlent de cette légitimité, l’orgueil des juifs, tombent. Les fils d’Israël restent fils de Dieu malgré eux, par une relation de dépendance qui n’a rien à voir avec la génération charnelle et qui s’inscrit exclusivement dans le mystère de l’amour de Dieu.
Ayant retrouvé ses frères, Jésus a aussi la grâce de rencontrer son père, bien qu’en réalité le rapport soit inverse : il a pu retrouver ses frères parce que Dieu est son père. La dynamique spirituelle qui l’avait poussé vers la solution de sa crise demeure : il sort de son complexe d’homme bâtard et se retrouve lui-même par sa relation au père. Son attitude prométhéenne face à Dieu a trouvé en celui-ci une réponse qui, en réalité, précédait cette attitude.
S’il avait cherché un Dieu à visage humain, se dressant contre lui à la limite du blasphème afin qu’il se convertisse à l’homme, il découvre que Dieu s’était converti à lui avant même qu’il l’eût cherché. Sa contestation de Dieu trouvait sa justification théologique dans la révélation de la paternité divine : Dieu n’est pas un Baal, qui considère l’homme comme sa propriété et le marque d’un sceau d’authenticité, mais un père.
Mais alors, pourquoi avait-il un autre visage ? Qui lui avait couvert le visage de père par le masque du maître, du patron, conditionnant sa paternité à la légitimité généalogique d’une race ?
Osée ne le dit pas. Si on en reste au premier niveau de sens de son discours, on constate qu’il l’explique comme un changement, une conversion de Dieu lui-même.
Pour nous, qui avons de l’histoire une compréhension critique et démythologisante, cette conversion de Dieu n’est qu’une représentation encore mythologique de l’évolution historique de la conscience : Dieu se convertit parce que l’homme change. Sa conversion n’est que le reflet, la projection, d’un changement de la conscience culturelle. L’homme est devenu plus intérieur à lui-même, il est parvenu au seuil d’une conscience éthique, qui exige le dépassement aussi bien des tabous du sacré que des rapports strictement juridiques.
Osée ne pouvait pas avoir cette vision critique puisqu’il était, lui aussi, au-dedans du mythe dont le schéma agissait en lui comme modèle aussi bien de compréhension que d’expression.
Quant à Jésus, il ne pouvait avoir la même attitude qu’Osée. S’il ne lui était pas possible d’avoir une approche critique de l’histoire, il est vrai aussi qu’il avait dépassé la simple représentation fantastique de la mythologie pour atteindre une connaissance métaphysique. Dieu était pour lui l’être absolu, dont l’impératif est catégorique : il ne peut changer parce qu’il est.
Ainsi la mutation de Dieu ne pouvait-elle être comprise que comme une révélation de la véritable personnalité divine à l’encontre d’une culture qui l’avait altérée, ou qui avait été trop charnelle pour être à même de la comprendre. Dans ce cas, ce n’est pas Dieu qui changeait, mais sa révélation.
Mais le regard de Jésus va plus loin : il rend cette culture responsable du manque de connaissance qui a obligé Dieu à se manifester. Cette culture charnelle ne pouvait être que le yahvisme, qui constituait le fond du judaïsme traditionnel.
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(1) Os 1:2 ; 2:4 ; 5:7. 
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