ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Sur les bords du Jourdain

(Mc 1:1-13)




La genèse du discours de Jésus :

la vision d’Osée et le dénouement de la crise de Jésus



Sommaire
Prologue

La méthode
Le bâtard
De Nazareth au Jourdain
La crise spirituelle
La pratique du baptême
Recherche sur le discours
Le corpus du discours
Analyse du discours

Genèse du discours
- Introduction
- La purification
- La crise
- Les références bibliques
- La vision d’Osée
  . Introduction
  . Points thématiques
    - Les fils d’Israël
    - Dieu
    - Le péché
    - La conversion
  . Osée et Jésus
  . Correspondances
- Le message d’Ézéchiel
- Le Dieu de Jésus
- La personnalité de Jésus
- Le discours
- Résumé

Jésus, le nouvel Élie
Procès d’excommunication
Le délire et le désert
Des événements au texte



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Les points thématiques de la rencontre :

le péché et la condamnation de la nation


   Il convient d’approfondir cette notion de responsabilité d’Israël, car c’est le point sur lequel Jésus dépasse le message d’Osée. Pour celui-ci, Israël ne fait qu’abandonner Dieu, son époux, pour s’adonner à la prostitution, mais sans rompre la relation fondamentale qui le tient lié à Dieu. Bien qu’étant abandonné, Dieu espère qu’Israël lui reviendra lorsqu’il prendra conscience de la misère, de la nudité, du « désert » auquel il sera réduit quand Dieu l’aura à son tour abandonné.
   Pour Jésus, le péché d’Israël est infiniment plus grave : il se prostitue et cherche à changer le visage de Dieu pour cacher son propre péché, il lie Dieu à sa génération charnelle afin d’échapper à son jugement ; au lieu de se repentir, il profite de ce conditionnement en en tirant motif d’orgueil et en le dressant comme un alibi contre toute accusation d’impureté. Sa prétention de naissance légitime n’est, pour la mère des juifs, qu’un prétexte destiné à cacher qu’elle est une prostituée et qu’elle a engendré des enfants bâtards : c’est elle qui a caché le visage de Dieu comme père pour faire de lui un Baal, un maître comme les autres dieux nationaux, au profit des intérêts des hommes au pouvoir, des privilèges de caste et de l’exploitation du peuple. Israël a transformé Dieu en idole, il n’est pas seulement pécheur mais pervers : une race de vipères !

   Jésus a pu appuyer cette conviction sur le fait qu’Israël n’a pas répondu à l’invitation que Dieu lui a adressée par le message d’Osée. L’épouse n’est pas allée au désert, elle ne s’est pas convertie, tombant dans l’illusion que Dieu, amoureux d’elle, ne la condamnerait jamais.
   C’est ici que la compréhension que Jésus a du message d’Osée devient bouleversante et, je dirais, révolutionnaire. Chez Osée, Dieu attend son épouse, mais chez Jésus cette attente serait vaine car elle ne se convertira pas : elle ne peut revenir à Dieu car elle est perverse, pétrie de malice, une négation de Dieu. Israël n’est pas seulement une prostituée que Dieu pourrait pardonner, mais une race de vipères qui ne peut s’attendre qu’à sa destruction.
   Mais alors, que devient le message d’amour ? Va-t-elle s’achever, la paternité de Dieu ? Comment Dieu peut-il être père s’il est amené à condamner l’épouse, la mère ? Dieu peut-il être père en appelant ses enfants à tuer leur mère ? Jésus l’a cru. On peut penser qu’il a distingué entre la mère et ses enfants : la mère est la conscience dirigeante de la nation, responsable du culte, de la tradition et de la politique, ses enfants sont ceux qui constituent le peuple dirigé. Le véritable pécheur n’est donc pas le peuple, les enfants, mais les responsables de la nation, la mère. Celle-ci restant prostituée, impénitente, Dieu ne peut sauver ses enfants, les reconnaître comme fils, que par la condamnation de leur mère, car c’est la mère qui empêche le retour au père et à la légitimité.

   Lu à travers cette distinction, le message d’Osée se présentait comme un appel de Dieu à ses enfants pour qu’ils jugent leur mère. Les passages dans ce sens abondent, il suffit de se rapporter à l’exhortation par laquelle commence l’oracle : « Plaidez, plaidez contre votre mère, car elle n’est point ma femme ! » (Os 2:4). Jésus a pu voir dans cet appel un procès en divorce, qui menait aussi au jugement de la mère adultère. Si les enfants voulaient espérer être reconnus par le père, ils devaient se désolidariser de leur mère au point de se porter en faux contre elle.
   Le message donnait aussi à comprendre qui était cette mère : le roi et le sacrificateur. C’est à eux qu’il fallait imputer la responsabilité des alliances avec les puissances étrangères, les cultes à Baal dans les hauts lieux, la célébration de sacrifices au lieu de la fidélité, tous actes qui détournaient le peuple de la connaissance de Dieu. L’appel à plaider contre la mère impliquait l’arrêt de Dieu : « Je détruirai ta mère » (Os 4:5). Détruire la mère équivalait à détruire la royauté, la nationalité, le culte et les sacrificateurs, de façon à ce que « les enfants d’Israël restent… sans roi, sans chef, sans sacrifice, sans statue, sans éphod et sans téraphim » (Os 3:4).
   Tel est le jugement que Dieu dirigeait contre la maison d’Israël, et même contre sa propre maison, le temple qu’il avait quitté, parce qu’elle était devenue indigne de sa sainteté. Ce n’est donc pas le peuple que Dieu jugeait, mais les responsables du peuple (Os 4:14).



1984




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