Sur les bords du Jourdain

Les thèmes d’Osée et le message ultérieur de Jésus :

la condition d’existence

   Osée avait communiqué son message par sa parole, mais aussi et surtout par sa propre vie, qui en devint le signe : « Va, prends une femme prostituée et des enfants de prostitution, car le pays se prostitue et abandonne l’Éternel » (Os 1:2). Par sa vie, le prophète devient ce peuple que Dieu veut sauver et contre lequel il proclame son jugement.

   Au sujet de Jésus aussi, on peut affirmer qu’il a fait de sa propre vie le signe de son message. Il n’est pas resté, comme Jean, dans le désert ; il n’a pas vécu, comme les pharisiens, en se séparant des pécheurs, des hommes impurs ; il a au contraire fréquenté les « pécheurs » (Mc 2:15 ; Mt 9:10 ; Lc 5:30), autrement dit les publicains, les malades (Mt 4:24), les prostituées (Jn 4 ; 8:1-11 ; Lc 7:37), les riches (Jn 3)… Si l’on en croit Celse, même ses disciples étaient de méchantes gens(1) !
   On peut bien sûr penser que, étant lui-même pécheur par naissance, il ne pouvait fréquenter que des pécheurs, mais il s’est approché d’eux avec une conscience prophétique : « Je ne suis pas venu appeler les justes mais les pécheurs » (Mt 9:13). Notons l’équivoque de l’expression « je suis venu » : il est venu aussi bien dans le monde que devant eux, comme homme et comme prophète, parce qu’en lui la condition de l’homme devient signe de sa vocation prophétique.
   Pécheur, impur, il devient l’envoyé de Dieu pour annoncer à tous les pécheurs que Dieu est leur père. Sa condition d’existence devient signe énigmatique de sa parole.

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   (1) « Au cours de sa vie, ici-bas, tout ce qu’il a pu faire fut d’attirer à lui une dizaine de méchants mariniers et publicains, et encore n’a-t-il pas réussi à les réconcilier tous » Celse, op. cit. n. 26.