ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


                              Auteurs Méthode Textes
  Plan Nouveautés Index Liens Aide





Ennio Floris



La  rupture  cartésienne  et  la  naissance
d’une  philosophie  de  la  culture
dans  les  œuvres  juvéniles  de  J.-B.  Vico





Le  De  nostri  temporis  studiorum  ratione  (1708)



2-  La  controverse  des  Anciens  et  des  Modernes
et  la  conscience  historique






24- Jeunes et adultes



Magnum Dictionarium, de P. Danet, 1691





Profil biographique de Jean-Baptiste Vico


INTRODUCTION


LES DISCOURS

Vico orateur

La connaissance de soi et la divinité de l’homme

Conscience éthique et conscience historique

La morale des intellectuels

La politique du pouvoir et la politique de l’autorité

Le droit de la guerre et la sagesse du Droit

La corruption de la nature et la méthode des études

La rhétorique des Discours et le projet philosophique de J.-B. Vico



DE NOSTRI TEMPORIS STUDIORUM RATIONE

Vue d’ensemble

La controverse des Anciens et des Modernes et la conscience historique
L’humanisme et l’étude des
  anciens
Maniérisme et première querelle
  des Anciens et des Modernes
La révolte baroque
Jeunes et adultes

La nouvelle science

La controverse des langues

Langue et méthode

Le vraisemblable et le sens commun

Le « cogito » cartésien et l’interrogation vichienne du doute

Logique analytique et logique synthétique

Métaphysique et mathématiques


DÉMARCHE POUR UNE PENSÉE CRÉATRICE



BIBLIOGRAPHIE


ans ce climat de révolte contre l’autorité, le rap­port entre les anciens et les modernes, tel qu’il avait été rompu par la Renaissance et le Manié­risme, pouvait-il encore être valable ? Puisqu’on avait tué le père, toute parole dite ne pouvait prétendre à devenir normative pour les temps modernes. À l’ipse dixit se substituait le dire actuel des hommes dans l’épreuve et la contra­diction de leur histoire.
   La vérité était aussi soumise à la condition de toute parole : elle était filia temporis. Elle crois­sait et mûrissait avec le temps. Ainsi, il ne fallait plus la rechercher dans le passé, mais dans le présent qui indiquait le moment de l’accomplis­sement, de la maturité des âges. Une nouvelle formulation se substituait à l’ancienne pour exprimer la dialectique de l’histoire : non plus l’opposition entre les anciens et les modernes, mais entre les « jeunes et les adultes ». Oui ! les anciens ne sont que le moment écoulé de notre propre jeunesse. Métaphore audacieuse, mais vraie, la plus bouleversante que le Baroque ait pu concevoir !

On la retrouve chez tous, chez Bruno et Galilée, Bacon, Descartes et Pascal (22). Elle constitue le mot d’ordre d’une humanité qui se découvre majeure, parvenue à l’âge de sa maturité. Mais combien l’esprit est différent de celui de la Renais­sance !
   Les humanistes vivaient dans l’euphorie de la jeunesse, parce qu’ils étaient les cadets de la grande famille culturelle qui les reliait aux Ro­mains et aux Grecs. Comme tous les jeunes, ils étaient violents, passionnés, parleurs, dominés par l’imagination et par l’exaltation. Souvent ils ont réalisé de grandes œuvres à un âge qui, aujour­d’hui, nous étonne par sa jeunesse. Laurent de Médicis et Pic de la Mirandole, Masaccio et Raphaël n’ont pas dépassé les quarante ans. Quant à ceux qui sont parvenus jusqu’à la vieil­lesse, tels que Michel-Ange, Léonard, Titien ou Donatello, ils furent poursuivis jusqu’à la fin par la fureur juvénile de la création.

Alors, on se sentait adultes, et comme eux, on regardait le passé avec un certain dédain, comme le temps des rêves, des errances et des préjugés. Non seulement, il ne fallait pas prendre ce temps comme modèle, mais on devait s’en méfier. Mo­ment dépassé de leur préhistoire, il ne pouvait avoir d’autre valeur qu’historique, utile à la science de la mémoire, et non à celle de la raison et de la philosophie. Tous ont été des adultes sévè­res à l’égard de leur jeunesse, excepté Vico. On avait découvert le temps et l’histoire. Bacon pouvait affirmer : « Par consensus universel, la vérité est fille du temps. Sans doute serait-il absurde d’assigner tout aux auteurs, et de nier le droit au temps, auteur des auteurs et de toute autorité » (23).




Thèse soutenue le 22 juin 1974




Retour à l'accueil La révolte baroque Haut de page G. Bruno : foi et philosophie    Imprimer

t312240 : 15/08/2017