ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



La  rupture  cartésienne  et  la  naissance
d’une  philosophie  de  la  culture
dans  les  œuvres  juvéniles  de  J.-B.  Vico





Introduction





1- Vico par lui-même



Profil biographique de Jean-Baptiste Vico


INTRODUCTION
Vico par lui-même
Vico dans l’histoire de la
  philosophie
La rupture cartésienne
Philosophie européenne et
  ouverture du Cogito
L’inscription de Vico dans la
  culture européenne
Objectif de ma recherche
Méthode


LES DISCOURS

Vico orateur

La connaissance de soi et la divinité de l’homme

Conscience éthique et conscience historique

La morale des intellectuels

La politique du pouvoir et la politique de l’autorité

Le droit de la guerre et la sagesse du Droit

La corruption de la nature et la méthode des études

La rhétorique des Discours et le projet philosophique de J.-B. Vico


DE NOSTRI TEMPORIS STUDIORUM RATIONE

Vue d’ensemble

La controverse des Anciens et des Modernes et la conscience historique

La nouvelle science

La controverse des langues

Langue et méthode

Le vraisemblable et le sens commun

Le « cogito » cartésien et l’interrogation vichienne du doute

Logique analytique et logique synthétique

Métaphysique et mathématiques


DÉMARCHE POUR UNE PENSÉE CRÉATRICE



BIBLIOGRAPHIE


Magnum Dictionarium, de P. Danet, 1691 e Vico, on connaît surtout la Science nouvelle, son œuvre maîtresse, dont la dernière rédaction est parue à Naples en 1744, et qui a été traduite en plusieurs langues. Outre la tra­duction partielle mais prestigieuse de Michelet, la France en possède aujourd’hui une édi­tion, con­forme au texte critique de Nicolini (1).
   Rares sont cependant ceux qui ont eu l’envie ou le courage de la lire. En effet, si Vico com­mence à devenir, par exemple dans le domaine de la philosophie de l’histoire ou dans la rhétorique, un des auteurs reconnus, il n’en reste pas moins qu’on se réfère à ses textes par l’entremise de citations ou par des passages isolés. Par ailleurs, pour retrouver en librairie la traduction française, il convient de la rechercher parmi les livres en solde.
   Il y a là l’indice que, malgré Michelet et l’ex­cellente brochure de Chaix-Ruy parue chez Se­ghers (2), Vico demeure encore inconnu en Fran­ce, et que la Science nouvelle reste un ouvrage difficile, parce qu’elle échappe à nos schémas de composition et qu’elle étonne par sa démesure. Elle traite de la poésie et du mythe, des coutumes et du langage, de la naissance et de la mort des nations et des États, de philosophie et d’histoire. Elle se définit elle-même comme théo­logie et philosophie, interprétation des faits humains et des idées, révélant l’histoire comme l’œuvre de l’hom­me en même temps que la pro­vidence de Dieu. Elle surprend aussi par son style, où la rigueur géométrique des axiomes, ou « Digni­tés », s’unit à des pages d’allure épique. Elle don­ne l’impression d’une œuvre écrite aux temps héroïques, profonde mais énigmatique, qui ne livre son message qu’à ceux qui en sont épris.
   Cependant, elle ne se livre que difficilement dans son ensemble : elle offre des intuitions et des ouvertures qui obligent à se rapporter davantage aux philosophes qui l’ont suivie qu’aux auteurs qui l’ont précédée. On a découvert chez Vico la recherche d’une méthode synthétique de pensée qui le rapproche de Kant, une vision dialectique de l’histoire qui fait penser à Hegel, l’affirmation d’un premier ontologique possible qui le situe à l’origine de la philosophie rosminienne.

Peut-être a-t-il ouvert à Herder le chemin de la compréhension de l’histoire par le langage et qu’il a offert à A. Comte sa trilogie des âges. Ainsi apparaît-il comme un des premiers idéalistes pour avoir affirmé le caractère créateur de la pensée ; à l’avant-garde du romantisme pour avoir reconnu la primauté de la poésie sur la raison. Croyant, il a cependant fondé l’histoire sur une projection mythique de la divinité et il a cherché à la com­prendre selon un schéma de lutte des classes. Sa foi en la Providence ne l’a pas empêché de considérer l’homme comme créateur de son être social, du langage et des coutumes, des cultures et des institutions.
   Vico pourrait prétendre à la paternité de recherches plus récentes, concernant le mythe, la symbolique poétique et la rhétorique. Il n’est pas étonnant que la mise en relation de sa pensée avec les philosophes modernes soit la meilleure façon de l’interpréter. Michelet en avait donné en partie l’exemple, mais surtout Croce et Gentile qui ont vu en lui le précurseur de l’idéalisme. Mais par l’ampleur de ses ouvertures, ces confrontations ont pu s’étendre à d’autres systèmes, jusqu’aux plus récents, tels ceux de Freud et de Lévi-Strauss. À cet égard, il suffit de se rapporter au livre publié en Amérique pour son troisième centenaire, où Vico apparaît comme le point de repère de la pensée européenne (3).

On peut conclure que Vico est connu par sa relation avec les autres, en dépit des études entre­prises sur les différents aspects de sa pensée, sur sa conception du mythe et du langage, sur son esthétique et sur sa philosophie de l’histoire, et d’autres problèmes encore (4). En effet, dans toutes ces recherches, on tend plutôt à l’inter­préter à la lumière ou en opposition à des pensées reçues que par une patiente pénétration de son œuvre.
   On peut légitimement se demander si la con­naissance de Vico par lui-même est encore à faire. Il n’est pas dans mon intention de mettre en doute la valeur de ces études, mais d’en souligner seule­ment les limites. La pensée de Vico est comprise de l’extérieur, à partir de schémas qui ne lui ap­partiennent pas. À l’issue de ces confrontations, on peut regretter l’impossibilité pour Vico de se mesurer à ces grands qui offrent une pensée plus élaborée et mieux structurée, répondant à des problématiques plus complexes et plus déve­loppées. On se contente alors d’admirer le génie précurseur, chez qui l’intuition déborde le raison­nement, et où la poésie prime la philosophie. On garde encore de Vico l’image qu’on s’en était fait jadis d’un génie solitaire et autodidacte, dont la pensée est d’autant plus poétique et profonde qu’elle est moins analytique et critique (5).

Cependant des doutes surgissent quant au bien-fondé de ces études. Pour qu’une confrontation soit possible, une norme est nécessaire pour mesurer les écarts et les convergences entre les auteurs. Concernant Vico, on a pris pour norme le système des auteurs auxquels il a été confronté. On aimerait ainsi que Vico soit kantien, idéaliste, hégélien, ou autre chose encore.
   Mais pourquoi n’a-t-on pas cherché à juger Kant, Hegel ou Croce lui-même à partir de Vico ? Il convient alors de poursuivre historiquement toute confrontation dans le cadre de l’évolution des idées. En ce cas, une connaissance synchro­nique de la pensée des auteurs devient nécessaire. J’estime donc qu’avant d’étudier Vico par rapport à Herder, Kant, Hegel ou Marx, il faut le con­naître par lui-même.




Thèse soutenue le 22 juin 1974




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t310100 : 07/10/2018