Profil biographique de Jean-Baptiste Vico
INTRODUCTION
LES DISCOURS
Vico orateur
La connaissance de soi et la divinité de l'homme
Conscience éthique et conscience historique
La morale des intellectuels
La politique du pouvoir et la politique de l'autorité
. De l'éthique à la politique
. La classe dirigeante
. La Patrie, fondement de l'unité de la culture
. L'utile et l'honnête
. Hobbes, Machiavel et la politique du pouvoir
. Cognation et agnation : première rencontre de Vico avec Grotius
. Idéalisme et réalisme vichiens
Le droit de la guerre et la sagesse du Droit
La corruption de la nature et la méthode des études
La rhétorique des Discours et le projet philosophique de J.-B. Vico
DE NOSTRI TEMPORIS STUDIORUM RATIONE
Vue d'ensemble
La controverse des Anciens et des Modernes et la conscience historique
La nouvelle science
La controverse des langues
Langue et méthode
Le vraisemblable et le sens commun
Le « cogito » cartésien et l'interrogation vichienne du doute
Logique analytique et logique synthétique
Métaphysique et mathématiques
DÉMARCHE POUR UNE PENSÉE CRÉATRICE
BIBLIOGRAPHIE
|
ourquoi J.-B. Vico s’est-il abstenu de tenir ses discours lors des rentrées universitaires de 1703 et 1704 ? La raison qu’il en donne – encourager les jeunes aux études – est trop générale. La charge que lui avait confiée le Vice-roy de Villena d’écrire une histoire de la conjuration qui avait éclaté au commencement de la guerre de succession, qui durait encore, n’était – semble-t-il – pas étrangère à ce silence.
Je n’ai pas l’intention de m’arrêter sur cette œuvre (2). Je voudrais seulement souligner son influence sur le développement ultérieur des Discours qui, malgré leur style recherché, apparaissent très marqués par cette guerre, dont le but était l’hégémonie sur les États européens, convoités par la France et l’Autriche aux dépens de l’Espagne.
Charles II, en mourant, avait laissé pour héritier du trône d'Espagne Philippe d’Anjou, petit-fils du roi de France. Pour celui-ci cette succession était, à l’évidence, l’occasion la plus favorable de réaliser ses visées d’expansion politique à l’encontre de l’Autriche qui venait tout juste d’accéder à l’Empire. Mais l’Empereur réussit à s’allier à l’Angleterre, à la Hollande et à la Savoie, pour installer sur le trône vacant son fils Charles. Porté par les troupes anglaises, celui-ci entra à Barcelone, tandis que Philippe se trouvait déjà à Madrid.
La politique de l'Europe fut bouleversée pendant plusieurs années, car la paix ne vint qu’en 1707, signée à Utrecht. Philippe put conserver l’Espagne et les Indes, mais il perdit le Royaume de Naples, qui passa à l’Autriche (3).
Contraint de jeter un regard pénétrant sur les causes de cette guerre, J.-B. Vico dut affronter des problèmes qui dépassent les limites de sa recherche éthique. Revenant sur le texte pichien, il demeura frappé par le thème de la paix auquel il n’avait accordé qu'une attention superficielle, bien qu’il fût au centre du message. Pic de la Mirandole avait parlé de la paix comme de l’aboutissement d’une lutte morale, aussi bien que du terme de la recherche littéraire et philosophique. Or ce conflit avait fourni à J.-B. Vico l’occasion de changer l’axe de sa propre réflexion, passant de la paix de l’esprit à la paix politique. Sans le détacher du texte qui l’inspirait, cette nouvelle orientation le mettait en contact avec d’autres auteurs, parmi lesquels Machiavel, Hobbes et Grotius, maîtres à penser en politique et en droit.
|