Profil biographique de Jean-Baptiste Vico
INTRODUCTION
LES DISCOURS
Vico orateur
La connaissance de soi et la divinité de l’homme
Conscience éthique et conscience historique
La morale des intellectuels
. Dignité et responsabilité
. Des écoles de philosophie à l’école de la philosophie
. La critique et la Bona fides envers les auteurs
. Le code moral des intellectuels
. La Topique du non-savoir
. Méthode rationnelle et méthode historique
. Descartes simulateur
La politique du pouvoir et la politique de l’autorité
Le droit de la guerre et la sagesse du Droit
La corruption de la nature et la méthode des études
La rhétorique des Discours et le projet philosophique de J.-B. Vico
DE NOSTRI TEMPORIS STUDIORUM RATIONE
Vue d’ensemble
La controverse des Anciens et des Modernes et la conscience historique
La nouvelle science
La controverse des langues
Langue et méthode
Le vraisemblable et le sens commun
Le « cogito » cartésien et l’interrogation vichienne du doute
Logique analytique et logique synthétique
Métaphysique et mathématiques
DÉMARCHE POUR UNE PENSÉE CRÉATRICE
BIBLIOGRAPHIE
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’adressant à des jeunes qui devaient constituer la classe dirigeante du pays, l’exhortation de Vico n’est sans doute pas rhétorique. Il n’ignorait pas que les adolescents seraient emportés par les courants modernes, et qu’ils étaient déjà en partie coupés des anciens. Pour mieux atteindre son but, il voulait les détacher de la confiance dogmatique qu’ils portaient à Descartes. En effet, si le maître était pris en faute, il lui serait plus aisé d’aborder la remise en question de la méthode.
Se rapportant sans doute au dialogue intérieur qu’il avait eu avec le grand philosophe au cours de sa lecture des Principes, il s’imaginait être à l’écoute du maître donnant un cours sur les lois du mouvement. Le maître énonce tout d’abord le principe général, l’application de la méthode géométrique à la physique, se proposant de définir le mouvement par une argumentation aussi rigoureuse que déductive, en sorte que toute affirmation ne le soit que par des idées claires et distinctes, par réduction à l’évidence (13). Il emploie une méthode socratique, dialoguant avec les élèves représentés par la personne de Vico lui-même.
En voici le conclusion : « Qu’un corps lancé soit ralenti, non point par la gravité mais par l’impulsion de l’air, ne t’apparaît-il pas aussi vrai, clairement et ouvertement, que l’affirmation que la somme des angles d’un triangle est égale à deux angles droits ? » (14). Mais le disciple, quoique disposé à le suivre jusqu’au bout, parce que ravi de la nouvelle méthode, répond : non ! cette loi du mouvement est fausse ; cependant le maître a prétendu la déduire rigoureusement par une méthode infaillible. Le maître a donc « simulé de savoir ce qu’en réalité il ne savait pas » (15).
Mais le disciple, aussi simulateur que son maître, bien qu’à un autre niveau, ne justifie son refus qu’en s’appuyant sur l’autorité de Malebranche. À un point de vue didactique, sa méthode est plus efficace, car il convainc Descartes d’erreur sur la parole d’un des plus grands cartésiens. Il lui suffit d’avoir ébranlé auprès des élèves l’autorité incontestée du maître à penser.
Il le fait – peut-être est-il nécessaire de le dire – en toute « bonne foi ». Il est convaincu que les erreurs de Descartes sur la physique ne sont pas sans influence décisive sur sa métaphysique. C’est pourquoi il cherchera à entreprendre une critique directe de la méthode cartésienne, afin de parvenir à une philosophie qui puisse s’accorder avec la physique expérimentale fondée par Galilée (16).
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