Profil biographique de Jean-Baptiste Vico
INTRODUCTION
LES DISCOURS
Vico orateur
La connaissance de soi et la divinité de l’homme
Conscience éthique et conscience historique
La morale des intellectuels
La politique du pouvoir et la politique de l’autorité
Le droit de la guerre et la sagesse du Droit
. Le problème politique de la guerre
. Les lettres et les armes
. L’État comme sujet politique de la guerre
. Fondement juridique de la guerre
. Fondement philosophique du Droit
. Triomphe de la sagesse et appel à la paix
La corruption de la nature et la méthode des études
La rhétorique des Discours et le projet philosophique de J.-B. Vico
DE NOSTRI TEMPORIS STUDIORUM RATIONE
Vue d’ensemble
La controverse des Anciens et des Modernes et la conscience historique
La nouvelle science
La controverse des langues
Langue et méthode
Le vraisemblable et le sens commun
Le « cogito » cartésien et l’interrogation vichienne du doute
Logique analytique et logique synthétique
Métaphysique et mathématiques
DÉMARCHE POUR UNE PENSÉE CRÉATRICE
BIBLIOGRAPHIE
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ors de la rédaction de ce cinquième Discours, la situation politique européenne était particulièrement critique. Le champ de bataille de la guerre de succession s’était transporté d’Espagne en Italie du Nord, où les Français avaient dû céder devant les forces de la coalition et repasser les Alpes. Les Napolitains, qui avaient reconnu Philippe, pouvaient craindre le prochain déplacement des combats sur leur territoire.
Malgré tout, la curiosité semblait prévaloir sur la peur : il ne s’agissait pas d’une invasion de barbares comme celle des Turcs, mais d’un duel de prestige entre deux grandes puissances. Tout en redoutant les combats, les peuples étaient attirés par le spectacle offert par cette confrontation entre des titans, ainsi que par l’attente d’un ordre nouveau.
L’événement le plus marquant, plus étonnant que la guerre elle-même, était la disparition de l’Espagne comme grande puissance. L’empire de Charles V, dont les frontières dépassaient celles du cours du soleil (ainsi que Vico l’avait rappelé dans son précédent Discours), la domination invisible mais inexorable de Philippe II s’étaient écroulés. La nation parmi les plus grandes par l’héroïsme, le faste et la bravoure, n’était maintenant qu’un prétexte de gloire pour les autres, objet de convoitise de la part de la France et de l’Autriche.
Avec la fin de la domination espagnole, on devait s’attendre à la disparition de la Contre-réforme et du baroque comme civilisation, sinon comme style, de la suprématie de la persuasion sur la conviction. En dépit de la prise de conscience encore confuse de ce changement, il apparaissait à tous que la balance allait pencher du côté Nord. La culture européenne allait trouver ses maîtres en France et en Allemagne, et se créer une nouvelle Weltanschauung par la rencontre du libre examen de Luther et du cogito cartésien. C’était la naissance de l’illuminisme.
Il semblerait que Vico ait eu l’intuition de cette rencontre, car il reconnaît dans le cogito cartésien l’affirmation implicite d’une liberté personnelle de jugement, opposée au sensus communis propre à la tradition (2). Quoi qu’il en soit, la thèse qu’il place en exergue de son Discours trahit le double aspect de cette guerre. Elle utilise, en effet, les expressions belli gloria et imperio potentes, qui s’accordent au spectacle du conflit, justifié par le prestige et la puissance des deux grandes nations ; mais elle oppose aussi à cette gloire des armes l’efficacité de la culture, sur laquelle repose en dernière analyse la force véritable d’une nation.
Il trouve également l’occasion de mieux cerner les relations entre éthique et politique. Il avait insisté sur la fonction politique des études libérales comme service offert à la société, mais il avait négligé de parler de l’art de la guerre. La question se posait alors de savoir comment les moyens utilisés par cet art terrifiant pouvaient, dans une même république, s’accorder avec les arts libéraux. En d’autres termes, il convenait d’envisager comment concilier l’humanitas et la force.
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