ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



La  rupture  cartésienne  et  la  naissance
d’une  philosophie  de  la  culture
dans  les  œuvres  juvéniles  de  J.-B.  Vico





Les  Discours  (1689-1717)



6-  Le  droit  de  la  guerre
et  la  sagesse  du  droit



Les États sont d’autant plus glorieux militairement et puissants politiquement qu’ils sont florissants dans les lettres (1).




61- Le problème politique
de la guerre



Profil biographique de Jean-Baptiste Vico


INTRODUCTION


LES DISCOURS

Vico orateur

La connaissance de soi et la divinité de l’homme

Conscience éthique et conscience historique

La morale des intellectuels

La politique du pouvoir et la politique de l’autorité

Le droit de la guerre et la sagesse du Droit
Le problème politique de
  la guerre

Les lettres et les armes
L’État comme sujet politique
  de la guerre
Fondement juridique de la
  guerre
Fondement philosophique du
  Droit
Triomphe de la sagesse et
  appel à la paix

La corruption de la nature et la méthode des études

La rhétorique des Discours et le projet philosophique de J.-B. Vico


DE NOSTRI TEMPORIS STUDIORUM RATIONE

Vue d’ensemble

La controverse des Anciens et des Modernes et la conscience historique

La nouvelle science

La controverse des langues

Langue et méthode

Le vraisemblable et le sens commun

Le « cogito » cartésien et l’interrogation vichienne du doute

Logique analytique et logique synthétique

Métaphysique et mathématiques


DÉMARCHE POUR UNE PENSÉE CRÉATRICE



BIBLIOGRAPHIE


Magnum Dictionarium, de P. Danet, 1691 ors de la rédaction de ce cinquième Discours, la situation politique euro­péenne était particulièrement criti­que. Le champ de bataille de la guer­re de succession s’était transporté d’Espagne en Italie du Nord, où les Français avaient dû céder devant les forces de la coalition et repasser les Alpes. Les Napolitains, qui avaient reconnu Philippe, pouvaient craindre le prochain déplacement des combats sur leur ter­ritoire.
   Malgré tout, la curiosité semblait prévaloir sur la peur : il ne s’agissait pas d’une invasion de bar­bares comme celle des Turcs, mais d’un duel de prestige entre deux grandes puissances. Tout en redoutant les combats, les peuples étaient attirés par le spectacle offert par cette confrontation en­tre des titans, ainsi que par l’attente d’un ordre nouveau.
   L’événement le plus marquant, plus étonnant que la guerre elle-même, était la disparition de l’Espagne comme grande puissance. L’empire de Charles V, dont les frontières dépassaient celles du cours du soleil (ainsi que Vico l’avait rappelé dans son précédent Discours), la domination invisible mais inexorable de Philippe II s’étaient écroulés. La nation parmi les plus grandes par l’héroïsme, le faste et la bravoure, n’était mainte­nant qu’un prétexte de gloire pour les autres, objet de convoitise de la part de la France et de l’Au­triche.
   Avec la fin de la domination espagnole, on de­vait s’attendre à la disparition de la Contre-réfor­me et du baroque comme civilisation, sinon com­me style, de la suprématie de la persuasion sur la conviction. En dépit de la prise de conscience encore confuse de ce changement, il apparaissait à tous que la balance allait pencher du côté Nord. La culture européenne allait trouver ses maîtres en France et en Allemagne, et se créer une nou­velle Weltanschauung par la rencontre du libre examen de Luther et du cogito cartésien. C’était la naissance de l’illuminisme.
   Il semblerait que Vico ait eu l’intuition de cette rencontre, car il reconnaît dans le cogito cartésien l’affirmation implicite d’une liberté personnelle de jugement, opposée au sensus communis propre à la tradition (2). Quoi qu’il en soit, la thèse qu’il place en exergue de son Discours trahit le double aspect de cette guerre. Elle utilise, en effet, les expressions belli gloria et imperio potentes, qui s’accordent au spectacle du conflit, justifié par le prestige et la puissance des deux grandes nations ; mais elle oppose aussi à cette gloire des armes l’efficacité de la culture, sur laquelle repose en dernière analyse la force véritable d’une nation.

Il trouve également l’occasion de mieux cerner les relations entre éthique et politique. Il avait insisté sur la fonction politique des études libérales com­me service offert à la société, mais il avait négligé de parler de l’art de la guerre. La question se po­sait alors de savoir comment les moyens utilisés par cet art terrifiant pouvaient, dans une même république, s’accorder avec les arts libéraux. En d’autres termes, il convenait d’envisager comment concilier l’humanitas et la force.




Thèse soutenue le 22 juin 1974




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t311610 : 14/01/2019