ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



La  rupture  cartésienne  et  la  naissance
d’une  philosophie  de  la  culture
dans  les  œuvres  juvéniles  de  J.-B.  Vico





Les  Discours  (1689-1717)



6-  Le  droit  de  la  guerre
et  la  sagesse  du  droit



Les États sont d’autant plus glorieux militairement et puissants politiquement qu’ils sont florissants dans les lettres (1).




62- Les lettres et les armes



Profil biographique de Jean-Baptiste Vico


INTRODUCTION


LES DISCOURS (1689-1707) : dignité et vérité

Vico orateur

La connaissance de soi et la divinité de l’homme

Conscience éthique et conscience historique

La morale des intellectuels

La politique du pouvoir et la politique de l’autorité

Le droit de la guerre et la sagesse du Droit
Le problème politique de
  la guerre
Les lettres et les armes
L’État comme sujet politique
  de la guerre
Fondement juridique de la
  guerre
Fondement philosophique du
  Droit
Triomphe de la sagesse et
  appel à la paix

La corruption de la nature et la méthode des études

La rhétorique des Discours et le projet philosophique de J.-B. Vico


DE NOSTRI TEMPORIS STUDIORUM RATIONE

Vue d’ensemble

La controverse des Anciens et des Modernes et la conscience historique

La nouvelle science

La controverse des langues

Langue et méthode

Le vraisemblable et le sens commun

Le « cogito » cartésien et l’interrogation vichienne du doute

Logique analytique et logique synthétique

Métaphysique et mathématiques


DÉMARCHE POUR UNE PENSÉE CRÉATRICE



BIBLIOGRAPHIE


La logique ou l’art de penser, de Nicolle et Arnauld, 1664 ’objet de cette nouvelle enquête est l’opposition entre les lettres et la guerre, telle qu’elle s’exprime dans l’opinion publique. Vico cherche donc moins à résoudre le problème qu’à dissiper des préjugés populaires. L’antithèse communément ressentie entre la guer­re et la cul­ture provient du fait que l’une utilise la violence, la lutte et la cruauté, et l’autre l’oisiveté (otium), la sagesse et la tranquillité ; la première s’appuie sur la force, la seconde s’associe à la faiblesse. Cette différence existe, pour Vico, seulement dans le cas où les armes et les lettres sont prises en elles-mêmes, en relation à leur ob­jet. Au contraire, elle disparaît si elles sont consi­dérées comme des arts, c’est à dire par rapport à l’homme qui les ordonne en vue d’une unique finalité civile.
   L’opinion publique est davantage sensibilisée par cette opposition, parce qu’elle possède de l’homme une image brisée et partielle. En effet, elle conçoit l’homme comme mens (c’est à dire « esprit ») ou bien comme anima (c’est à dire « être animal sensible »), négligeant de considérer l’animus, qui est la force du vouloir. Mais on doit définir l’homme plutôt par l’animus, puisque celui-ci représente le lieu de rencontre de la mens et de l’anima (3). S’il est faux d’aligner les études à la faiblesse et à la facilité, comme si elles étaient ex­clusivement régies par l’esprit et non par l’animus, il est tout aussi erroné de rabaisser la guerre au niveau de l’animalité. L’animus prend aussi en charge la guerre, la soumettant aux lois de la ra­tionalité et de l’humanitas.

Chez Vico apparaît la préoccupation de trouver un fondement philosophique au problème posé par les humanistes (4). Sa trilogie, empruntée au stoïcisme, lui permet de mieux se situer en face de Pic de la Mirandole. Pour bien indiquer cette différence, je citerai un texte de Salluste, qui a inspiré les deux philosophes dans la solution de ce problème : « Or toute notre force réside dans l’âme (animo) et dans le corps : l’âme est faite davantage pour commander, le corps pour obé­ir ; l’une nous est commune avec les dieux, l’au­tre avec les bêtes » (5).

Pic de la Mirandole semble bien inscrire l’homme dans cette alternative sallustienne. Il définit son existence par l’acte de libre choix entre deux com­portements d’existence, bestiale ou angélique. Il laisse cependant sa thèse à l’état d’intuition sans se préoccuper de répondre aux interrogations qu’elle pose. Ces deux comportements, bestial et angéli­que, sont-ils uniquement extérieurs à l’homme ? L’homme peut-il demeurer encore un homme quand il devient bestial ?

Vico tente de répondre à ces interrogations en insérant l’affirmation pichienne dans le cadre de la tripartition stoïcienne. L’homme serait constitué de deux natures : l’une spirituelle – la mens – l’au­tre psychique – l’anima. Il est homme cependant, distinct des anges et des animaux, parce qu’il possède la puissance de se déterminer et de vivre selon l’esprit ou selon les sens. Cette puissance est l’animus. Quand bien même il vivrait comme une bête, il n’en demeurerait pas moins homme. L’animus le distingue aussi des anges, puisque, comme l’animalité, la spiritualité doit être élevée au niveau de l’animus pour être humaine, c’est à dire constitutive de la réalité concrète du domaine civil.

Vico donne ainsi la réponse au problème de la guerre et des lettres. La guerre est en elle-même une réalité matérielle, fondée sur la force et la violence ; par ailleurs, les études seraient de na­ture toute spirituelle. Les deux entités s’oppose­raient donc dans le cadre de la dialectique ma­tière-esprit. Mais, considérées comme des arts, assumées par l’animus en fonction de l’humani­tas, elles ne s’opposent plus ; la matérialité de l’une s’élève à la spiritualité, la spiritualité de l’au­tre est située au niveau du sensible. Toutes les deux se réalisent dans la virtus.




Thèse soutenue le 22 juin 1974




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t311620 : 14/01/2019