ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
![]() |
![]() |
![]() |
||
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Ennio FlorisLa rupture cartésienne et la naissance
|
Les Discours (1689-1717)8- La rhétorique des Discours |
81- L’unité littéraire |
Profil biographique de Jean-Baptiste Vico
|
Avec sa compétence, Nicolini a cherché la solution de ce problème au niveau exégétique. Ayant découvert que le Codex Galasso de la Bibliothèque Nationale de Naples unit aux Discours des annotations de Vico, par ailleurs déjà insérées dans le texte, il en conclut que Vico a revu, retouché, corrigé, son écrit primitif. Par ailleurs, l’unité de l’œuvre indiquerait que ces retouches ont été si profondes et si fréquentes qu’elles ont abouti à un texte nouveau. Ainsi les Discours que nous lisons aujourd’hui ne nous donneraient pas la première démarche de la pensée vichienne, mais une élaboration postérieure qui pourrait remonter bien après la composition du De ratione. Il serait sans doute difficile de nier l’existence de plusieurs rédactions. Par contre, je conteste qu’il s’agirait d’un texte entièrement nouveau. Pour établir si l’unité des Discours ne peut s’expliquer que par la thèse d’une nouvelle composition, il aurait fallu poursuivre d’autres enquêtes que Nicolini n’a pas entreprises. Or, ma critique littéraire m’a fait découvrir que les Discours s’articulent sur le schéma offert par le De hominis dignitate de Pic de la Mirandole, et possèdent, dès le départ, une unité fondamentale. Je n’emploie pas le mot « découvrir » au sens que je serais le premier à en avoir trouvé la dépendance ; d’autres avant moi, en effet – Gentile et surtout E. Paci (2)– l’avaient souligné, mais en ce sens que je suis le premier à en mettre en évidence le caractère structural. Il serait inutile de s’attarder à souligner la portée de cette différence ; il suffit de dire que, dans le premier cas, l’oratio pichienne est l’une des sources fondamentales des Discours, sans être déterminante à elle seule. Dans le deuxième cas, par contre, elle représente la raison préalable de son unité littéraire ainsi que de sa continuité et de sa signification historique. Leur compréhension en est donc renouvelée. Il est aussi compréhensible que Vico ait senti le besoin de revenir souvent sur ses premiers écrits, sans jamais avoir pourtant le courage de les publier. Il y était poussé parce qu’ils constituent le projet fantastique de son entreprise culturelle, dirai-je, quoique confus encore mais puissant au point de motiver toutes ses recherches futures et sa propre existence. Je serais tenté de dire que ces textes ont joué, pour lui, le rôle d’un autoportrait. Au fur et à mesure qu’il avançait en âge, Vico ne cessait de lui apporter les dernières retouches, afin de fixer par des traits marquants les orientations nouvelles de sa pensée. Dans l’Autobiographie et dans le résumé qu’il donne des Discours, nous pouvons retrouver un exemple de cette manière de se peindre. En conclusion, je dirais que mon interprétation littéraire tient compte, sans doute, des nouvelles rédactions, mais qu’elle met en lumière le caractère originel de l’œuvre. De même que Vico y revenait pour puiser aux sources de son inspiration la plus juvénile, de même nous le parcourons, nous aussi, pour retrouver les intentions premières de son itinéraire philosophique. |
|
t311810 : 23/01/2019