ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



La  rupture  cartésienne  et  la  naissance
d’une  philosophie  de  la  culture
dans  les  œuvres  juvéniles  de  J.-B.  Vico





Les  Discours  (1689-1717)



5-  La  politique  du  pouvoir
et  la  politique  de  l’autorité



Si l’on veut retirer la plus grande utilité des études littéraires, il convient qu’elles soient poursuivies avec honnêteté pour le bien commun des citoyens (1).




53- La patrie comme fondement
de l’unité de la culture



Profil biographique de Jean-Baptiste Vico


INTRODUCTION


LES DISCOURS

Vico orateur

La connaissance de soi et la divinité de l'homme

Conscience éthique et conscience historique

La morale des intellectuels

La politique du pouvoir et la politique de l'autorité
De l'éthique à la politique
La classe dirigeante
La Patrie, fondement de l'unité
  de la culture

L'utile et l'honnête
Hobbes, Machiavel et la
  politique du pouvoir
Cognation et agnation :
  première rencontre de Vico
  avec Grotius
Idéalisme et réalisme vichiens

Le droit de la guerre et la sagesse du Droit

La corruption de la nature et la méthode des études

La rhétorique des Discours et le projet philosophique de J.-B. Vico


DE NOSTRI TEMPORIS STUDIORUM RATIONE

Vue d'ensemble

La controverse des Anciens et des Modernes et la conscience historique

La nouvelle science

La controverse des langues

Langue et méthode

Le vraisemblable et le sens commun

Le « cogito » cartésien et l'interrogation vichienne du doute

Logique analytique et logique synthétique

Métaphysique et mathématiques


DÉMARCHE POUR UNE PENSÉE CRÉATRICE



BIBLIOGRAPHIE


Magnum Dictionarium, de P. Danet, 1691 ien que les études, par leur objet, soient désintéressées en elles-mê­mes, elles ne pourraient pas être ac­complies si les hommes n’étaient pas liés par des rapports nécessaires d’utilité. J.-B. Vico recherchera ces relations au niveau d’une infrastructure qui sup­porte le domaine social et politique, qu’il appelle patrie, c’est à dire une « parenté civile » (civilis ag­na­tio) qui, plaçant les hommes les uns par rapport aux autres, les situe dans des relations concrètes et spécifiques – en d’autres termes, le con­ditionnement historico-culturel qui leur a per­mis de naître, d’avoir une liberté, une possibilité de communication dans une culture déterminée (érudition).

Dans le mot de patrie, il sousentendait trois en­tités : la gens italienne, l’urbs napolitaine et la natio espagnole. Il se référait à la gens pour se rapporter exclusivement à la principauté de reli­gion que les peuples catholiques exerçaient au moyen de la papauté (6). Loin de s’opposer au pouvoir papal, il l’intégrait dans l’histoire.
   Il paraissait renoncer aussi à toute visée poli­tique des États italiens, ne voyant en eux qu’une unité religieuse. Parallèlement à la principauté de religion, la nation espagnole exerçait la principauté politique (7).
   Les Napolitains n’étaient pas définis unique­ment par la religion et la politique, mais conser­vaient le domaine propre de la civitas. Leur ap­partenance à la cité les reliait aux temps les plus reculés de leur propre civilisation, jusqu’aux héros fondateurs de l’urbs napolitaine (8). Description sans doute imagée, mais suffisante pour souligner l’importance que la cité revêtait vis-à-vis de la religion et de la politique.

J.-B. Vico était sans doute un conservateur qui préférait l’évolution à la révolution, trop historien et trop concret pour pousser les jeunes à une libération politique du pays. Il est cependant par­venu à équilibrer les deux forces de domination (la religion et la politique) en les unissant dans la cité, qui n’est pas seulement un lieu géographique et sociologique, mais la conscience sociale par la­quelle les hommes deviennent sujets historiques de culture.
   Même si les Napolitains ne parvenaient pas à accéder au pouvoir politique et s’ils demeuraient soumis à la religion de Rome, ils n’en possédaient pas moins leur personnalité propre. Ils ne se lais­saient pas gouverner passivement, puisque l’auto­rité politique était conditionnée par la culture. L’État ne paraissait donc pas ainsi limité à l’exer­cice du pouvoir politique, mais équilibré entre trois consciences sociales : religieuse, civile et politique. J.-B. Vico exhortait ainsi les jeunes, non à devenir servants de la politique espagnole, mais à être des hommes motivés par leur propre cul­ture.

Cette notion de parenté civile modifie en la développant la notion de nature, par laquelle Vico avait interprété la thèse de Pic de la Mirandole. Appelée nature, cette situation de liberté par laquelle le philosophe humaniste avait défini l’homme l’éloignait des perspectives existentialis­tes de celui-ci. Dans la notion de parenté civile, l’écart semble s’accentuer, dans la mesure où cette nature idéale n’existe alors que dans le cadre d’une nature historique, qui la détermine dans le temps.
   Toutefois cette notion, située entre l’idéalisme platonicien humaniste et le positivisme historique qui venait de naître, lui était grandement utile, parce que la patrie était le point où l'idéal re­joignait le réel, et dans lequel les hommes étaient cernés dans leur concret, sans être cependant détachés d’une nature idéale commune. Il pouvait aussi rester fidèle au principe de l’humanitas et aux exigences de la nouvelle science historico-politique. Dans la notion de patrie, le droit de l’homme n'était plus déterminé uniquement par la politique, mais aussi par la nature humaine (les impératifs de la sagesse et de la liberté), cause déterminante du droit et de la politique.




Thèse soutenue le 22 juin 1974




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t311530 : 25/10/2018