u arrives à propos : tu viens d’entendre Jésus ?
- Oui, nous avons été ensemble chez Jean, faisant partie du même groupe de pénitents. Comme mon nom l’indique, je suis né de l’union d’un Juif et d’une Grecque. Bien que mon père m’ait reconnu, j’ai toujours été considéré comme un étranger, un craignant-Dieu, plutôt qu’un ffils d’Abraham. J’ai donc ressenti, comme Jésus, la nécessité de purifier ma naissance. Cependant, c’était plus facile pour moi.
- Comment es-tu devenu un de ses premiers disciples ?
- Pas tout de suite, seulement après son retour du désert. Le fait qu’il ait vaincu cette épreuve a été, pour moi comme pour bien d’autres, le signe qu’il était prophète, envoyé par Dieu pour annoncer le baptême de feu.
- Le baptême de feu ? Jésus ne m’en a rien dit, seulement qu’il avait acquis la certitude d’un baptême plus efficace que celui de Jean. Je suis curieuse d’en savoir plus !
- Quelque temps après son baptême, Jean avait permis à Jésus de baptiser aussi : il ne pouvait suffire à la tâche devant l’affluence, et il avait choisi pour ce ministère les disciples les plus fidèles. Dès que Jésus eut commencé, ses condisciples se plaignirent car, pour eux, un bâtard ne devait pas exercer ce ministère. C’était déjà une faveur de lui avoir accordé le baptême et de le compter parmi les frères, mais un fils illégitime d’Abraham ne pouvait pas purifier ses fils légitimes ! Jean ne partageait pas cet avis, mais comme il prêchait la réconciliation, il se résolut à demander à Jésus de renoncer. Celui-ci en fut profondément humilié et quitta le prophète. Aux questions sur son identité s’ajoutaient des doutes sur l’efficacité du baptême, s’il laissait les hommes divisés en purs et impurs, légitimes et illégitimes, libres et bâtards.
« Il préféra se retirer pour se consacrer au silence et à la méditation des Écritures. Il trouva la réponse à cette question et à sa propre identité dans Malachie. Ce prophète, en effet, parle non seulement d’un ange réconciliateur des frères, mais aussi d’un ange de l’Alliance, qui procédera à la purification par le feu avant la venue de Dieu au temple. Le baptême d’eau ne concernait que le rassemblement et annonçait un autre baptême, de feu, qui purifierait de toute indignité. Jean ayant été appelé le premier, Jésus se voyait en ange de l’Alliance, qui dispenserait le baptême de feu.
« Cette conviction, qu’il manifesta avec beaucoup de force et d’assurance, bouleversa la communauté. Jésus fut de nouveau traduit devant Jean, pour avoir porté atteinte à sa mission et prétendu être envoyé de Dieu. Lors du jugement, ses accusateurs le comparèrent à Nabuchodonosor, roi si orgueilleux qu’il se faisait l’égal de Dieu. Jésus fut chassé au désert pour subir la même peine que ce roi, condamné à vivre au milieu des animaux et à manger de l’herbe comme un bœuf.
- Expédier un homme dans le désert, c’est défier Dieu !
- Un messager royal doit montrer ses lettres de créance, celui qui se dit envoyé de Dieu doit prouver par des signes l’authenticité de sa mission. Se déclarant prophète du baptême de feu, Jésus devait survivre à l’épreuve du feu ou être brûlé !
- Lui avait-on au moins assuré les vivres et l’eau ?
- Certes non ! Il devait survivre grâce à l’aide divine, ne pas succomber à la chaleur ni au froid, au vent ni à la pluie, à la faim ni à la soif, aux animaux sauvages ni aux serpents. Tandis que la plupart des gens meurent au désert, Jésus en est sorti vivant, et il a ainsi prouvé qu’il était bien appelé par Dieu pour le baptême de feu.
- Mon Dieu, André, que suis-je pour devenir l’épouse d’un tel homme ? Que faire pour me montrer digne de lui ?
- Rien d’autre que l’aimer, Maria. L’épouse du Cantique des Cantiques, dont tu t’inspires à ce qu’il me semble, chante l’amour fort comme la mort... plus que le feu ou l’eau, le vent ou la pluie, la faim ou la soif... plus que le désert, lui qui, cependant, demeure dans le cœur.