ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisChronique de Marie-MadeleineRoman |
Chapitre 16 - Golgotha : |
Présentation Texte intégral : La rencontre d’amour Les disciples du Royaume Le banquet des noces Itinéraire d’un bâtard Le défi La fugue Sur le pont du bateau Chemins d’amour Dalmanutha Transfiguration et insurrection La Dédicace Correspondances Béthanie Gethsémani Le procès Golgotha - Les noces par la mort - Les deux processions - La crucifixion - La mort L’enterrement Le jour de la Pâque Le tombeau vide Les semeurs |
e savais le Golgotha un lieu sinistre, mais la réalité dépassait mon imagination : une esplanade légèrement surélevée au centre, évoquant un crâne, comme son nom l’indique ; rien alentour, aucune végétation ; un terrain rocailleux parsemé de trous, où des poteaux s’élevaient du sol, sans aucun ordre, offrant le spectacle d’une colline dévastée par la tempête où ne resteraient plus que des troncs et des pierrailles. S’étant arrêtés près de l’un des poteaux, les soldats aidèrent Jésus à se décharger de la poutre. Après l’avoir déshabillé, ils le firent étendre sur le dos, puis ils fixèrent ses mains aux deux extrémités de la poutre. Alors, tirant une chaîne engagée dans une poulie placée au sommet d’une échelle, ils soulevèrent la poutre supportant Jésus et l’engagèrent dans l’encoche du poteau vertical. Après avoir vérifié que tout était bien en place et avalé quelques gorgées de vin, ils s’assirent par terre pour jouer à la camorra : « Un, trois ! Cinq, trois ! Quatre, deux ! » Leurs mains glissaient des épaules, présentant autant de doigts qu’ils en énonçaient. Ces paris n’étaient pas un jeu, car ils avaient pour enjeu la tunique de Jésus. S’étant partagé les vêtements, ils ne voulaient pas découper la tunique, préférant la tirer au sort. « Six ! » cria l’un d’eux d’un air triomphal ; « Quatre » répondit l’autre, résigné. « Merci, dit le gagnant à l’adresse de Jésus. Je l’offrirai à ma femme, pour qu’elle s’y taille une robe. » Je rapporte ce que j’ai vu, comme si ces faits m’étaient étrangers : le jeu des soldats m’effraya bien plus que les premiers instants de l’agonie de Jésus ! Je me suis alors adressée à lui : " Pourquoi me suis-je attardée à la manière dont tu as été crucifié, plutôt qu’à la souffrance que tu endures ? Me suis-je laissée absorber par mon rôle de pleureuse, comme tu le fus toi-même par celui de roi ? À présent, tu assumes vraiment la mort du roi ! Je t’en supplie, cesse de figurer la parabole sacrée, descends de la croix et viens à moi ! Que m’importe que tu sois roi, si tu meurs ? " Jésus ne m’entendait pas et, probablement, ne me voyait pas non plus. Ses yeux étaient exorbités ; son corps inerte s’affaissait ; sa respiration devenait pénible et haletante. Il ruisselait de sueur et des gouttes de sang suintaient de ses blessures. -
Mère, Salomé, Jeanne, pourquoi restons-nous là à regarder ? Son sang coule, et personne pour l’éponger ! S’il peut encore parler, qui l’entendra ? Sur qui posera-t-il un dernier regard, avant que ses yeux ne s’obscurcissent définitivement ? Allons près de la croix, nous qui sommes les gardiennes de son amour ! Ému, le centurion m’a regardée. Puis, comme s’il se remémorait un oracle de l’un de ses prophètes, il m’a dit : « L’amour triomphe de toutes choses... » Nous aussi, inclinons-nous devant l’amour. Passez, vous pouvez aller en suppliantes, car le corps du condamné appartient désormais aux dieux. |
t321663 : 23/10/2020