ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



Chronique  de  Marie-Madeleine



Roman





Chapitre 17 - L’enterrement :

La requête du rite



La logique ou l’art de penser, de Nicolle et Arnauld, 1664 





Présentation


Texte intégral :

La rencontre d’amour

Les disciples du Royaume

Le banquet des noces

Itinéraire d’un bâtard

Le défi

La fugue

Sur le pont du bateau

Chemins d’amour

Dalmanutha

Transfiguration et insurrection

La Dédicace

Correspondances

Béthanie

Gethsémani

Le procès

Golgotha

L’enterrement
- La déposition
- La requête du corps de
  Jésus
- La requête du rite
- L’onction de Judas

Le jour de la Pâque

Le tombeau vide

Les semeurs


yant ainsi parlé, Salomé se tourna vers les deux con­seillers et, les voyant la main toujours tendue, leur cria :
- Vous attendez toujours un geste de réconciliation ? Vous voulez que le sang de celui contre qui vous avez témoigné ne retombe pas sur vous ? N’y comp­tez pas ! Nous ne vous offrirons pas nos mains pour vous racheter du sang que vous avez versé. Un seul peut vous tenir quittes de la vengeance du sang, c’est Jésus lui-même. Il faut donc que vous vous récon­ciliez avec lui. Nous autres, femmes, sommes là pour vous aider. Quel que soit le lieu de son ensevelis­se­ment, nous voulons que son corps reçoive les mar­ques du rite funéraire, afin qu’il retourne à la terre baigné par le même amour que lorsqu’il en naquit. Nous ne vous offrons nos mains que pour agir sur le mort, afin qu’il vous tende les siennes en signe de paix.
- Tu nous sembles sage, mais nous ne pouvons auto­riser qu’un quelconque rite funéraire soit accompli sur un corps que la Loi a déclaré maudit. Le rite est comme un sacrifice, le code exige que la victime soit sans défaut, pure et libre de tout interdit. Ce n’est pas le cas pour ce défunt dont la naissance fut il­légitime, l’âme impure, et qui fut frappé d’interdit et de malé­diction.
- Si vous nous empêchez d’accomplir ces rites, que nous restera-t-il ? Nous ne pourrons plus que pleu­rer... pleurer sur la mort de notre maître, et pleurer sur vous, sur qui retombera la vengeance de son sang !

   Les femmes se remirent alors à chanter :

Baignez, ô larmes, de pitié nos yeux
Envers le sort de tous ces malheureux
Par qui l’amour promis à des amants
Retombe comme sang sur leurs enfants.

   « Taisez-vous, femmes, s’enflamma l’un des con­seillers, ne transformez pas la justice de Dieu en mal­heur pour le peuple ! Vous avez eu assez de temps pour apaiser votre douleur. L’heure du deuil est pas­sée car, dès la nuit, ce sera la Pâque. Nous ne de­vons plus chanter des plaintes, mais des psaumes de louange à la gloire de l’Éternel qui nous a délivrés de l’esclavage et fait sortir d’Égypte. Prenez vos tam­bourins, criez " Alléluia ! ", unissez vos louanges à la brise du soir, au chant des oiseaux et des grillons. Ne tirez pas vengeance du sang d’un faux prophète, mais réjouissez-vous que nos anciens aient su l’extirper de la maison de Jacob ! »

   Mais les femmes, dénouant leurs cheveux et le­vant leurs bras vers le ciel, se mirent à chanter de plus belle :

Jaillissez, larmes, à torrents des yeux,
Comme une pluie vengeresse des cieux :
Inondez cette terre qui refuse
La paix que Dieu par notre amour diffuse.

   Et elles avançaient, les torches brandies, vers la pierre du tombeau, décidées à la déplacer elles-mê­mes. Tremblants et furieux, les conseillers hurlaient pour se faire entendre : « Arrière, arrière ! Taisez-vous ! Ne profanez pas ce tombeau, car vous seriez souillées ! Arrêtez, ou nous appelons les soldats ! »

   M’interposant entre les femmes et les conseillers, je leur criai : « Non, nous ne craignons pas de nous souiller, puisque nous voulons laver ce corps de la souillure dont vous, vous l’avez profané. C’est vous qui êtes souillés, de ce fait même ! Mais qui êtes-vous donc, pour défendre aux femmes de pleurer et d’honorer leurs morts ? Que faites-vous quand votre maison brûle ou quand vos fils meurent ? Ne dé­chirez-vous pas vos vêtements, ne pleurez-vous pas sur votre malheur ? Vous avez brisé l’œuvre des fem­mes, vous avez tué un homme né de l’une d’elles et vous leur interdisez de pleurer ? D’où viennent nos larmes ? Ne jaillissent-elles pas de la source d’amour que Dieu a ouverte dans nos cœurs lorsqu’Il a créé la vie ?
« Sachez, ô hommes, qu’il vous sera plus facile d’as­sécher les sources du Jourdain ou le puits de Jacob que de tarir nos larmes. Car la vie a germé dans notre sein, comme le blé et la vigne sous la terre ; nous ne pouvons pas ne pas pleurer, et crier, et hurler quand vous tuez ce que nous avons fait naître à la vie !

Je ne peux pas rester en paix
avec ceux qui refusent d’honorer les



Roman achevé en 2002




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t321767 : 26/10/2020