ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Judas




I- Regard critique sur les évangiles




10- La mort de Judas



PROLOGUE

INTRODUCTION

REGARD CRITIQUE SUR LES ÉVANGILES
- L’annonce de la trahison
- Le contexte historique
- Les fêtes de la Pâque
- Gethsémani
- Le récit de la trahison
- La trahison simulée
- L’arrestation de Jésus
- Troisième rencontre
- Jésus, entre prophétie et
   politique

- La mort de Judas
  - La rédaction de Matthieu
  - La rédaction des Actes
  - Le non-dit des textes
  - Le suicide
    . Testament
    . Témoignage
    . Accusation
    . Sacrifice

DU JUDAS DE L’HIS­TOIRE AU JUDAS DES RÉCITS

ÉPILOGUE

ANNEXES


. . . . . . . - o 0 o - . . . . . . .

Le suicide de Judas :
une accusation


   En témoignant de son innocence et de celle de Jésus, la mort de Judas se dressait aussi en accusation contre ceux qui l’avaient jugé responsable par traîtrise, de la mort de son maître.
   Contre les sacrificateurs qui, par leur ordonnance, avaient rendue obligatoire en conscience cette trahison, et avaient fait condamner Jésus à mort. Contre ses condisciples, qui avaient exploité cette trahison par méprise pour se dédouaner de leur lâcheté envers leur maître, ainsi que de leur reniement et de leur scandale. Contre quiconque aurait pris prétexte de son erreur comme alibi de sa propre responsabilité. Même s’ils n’avaient pas trahi Jésus, ils avaient rejeté son « compagnon ».

   Mort pour se libérer, pour témoigner ou pour accuser, en cela Judas est-il parvenu à son but ? Si on interroge les évangélistes, on peut en douter.
   Afin que le suicide de Judas ne soit pas vu comme le témoignage de son innocence, Matthieu en fait l’aveu de sa culpabilité. Judas est un traître repenti, qui s’avoue coupable, il n’y a aucun doute sur sa trahison. Luc, par contre, rejette et fait mourir Judas par un événement qu’on dirait « surnaturel », signe de l’intervention de la justice de Dieu. Les textes évangéliques invoquent donc deux témoins de la trahison de Judas : Judas lui-même et Dieu.
   Cependant, Matthieu s’est vu contraint de faire de Judas un repenti en quête d’un pardon impossible, et il a donné une limite à l’amour de Dieu et de son Fils Sauveur, dont la Rédemption est mise en échec par la trahison de Judas. Quant à Luc, il ne semble pas s’apercevoir qu’il charge Pierre du rejet de l’apôtre traître, au moment où celui-ci proclame que Dieu a « fait et déclaré Jésus Christ », au moment même où le Christ envoie son Esprit pour annoncer aux hommes le pardon obtenu par sa mort.
   Comment le lecteur pourrait-il croire que Jésus est le Christ Sauveur, s’il se montre impuissant à pardonner ce péché – la trahison de Judas – qui lui a permis de sauver le monde ? Judas serait ainsi un homme maudit, frappé dès sa naissance d’une malédiction à laquelle il n’a pas pu échapper. Il a été traître, non seulement parce qu’il l’était dans l’intérêt de certains, mais surtout parce que Dieu le voulait ainsi. Les évangélistes l’ont cru. Peut-être Judas en a-t-il été convaincu, lui-même, en découvrant sa traîtrise « au hasard » de la coïncidence d’événements liés à la volonté divine. Si cela était, la mort de Judas serait aussi la libération de la malédiction, le témoignage de son innocence, enfin la contestation du Dieu de la Loi qui l’avait prédestiné à tomber dans le piège du « hasard ».



juillet 1987




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t619430 : 06/12/2017