ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Pierre Curie


Le roman inachevé d’un utopiste





Tourcoing (1960-1967) :
parole d’utopie


Sommaire

Prologue

Introduction

Clermont-l’Hérault

Saint-Quentin

Bruay-en-Artois

Tourcoing
- Introduction
- Le protestantisme à
  Tourcoing
- Communauté vivante
- Sensibilisations
- Parole d’utopie
  . Introduction
  . Création et alliance
  . Mort de la religion
  . Résurrection
    - Sur le chemin
      d’Emmaüs
    - Le blé en herbe
  . Reniement et foi
  . L’alternative
  . De la solitude à la
    communion
  . À l’œuvre dans le monde
- L’impasse
- Recherche de structures
   nouvelles
- Expériences nouvelles
- Vers la crise

La crise

Épilogue




. . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . .

Résurrection :
le blé en herbe


   Jésus de Nazareth était bel et bien mort, et les femmes se rendant au tombeau, le sabbat terminé, en furent l’éclatant confirmation : elles n’espéraient rien d’autre qu’accomplir les gestes rituels et funéraires habituels envers leur ami mort.

   Cette histoire de résurrection : imagination ? Certes, de louables intentions pieuses, mais nous savons combien elles sont des occasions de fuir le réel, d’endormir les hommes pour leur faire oublier les tâches urgentes, justement le combat pour la vie ! Jésus de Nazareth est bien mort… mais nous ne savons rien de « celui qui est vivant ».

   Jésus de Nazareth et le Christ vivant sont-ils une même réalité ? Lisant attentivement les évangiles, nous ne devrions pas faire cette confusion. Ils sont contradictoires : tantôt ils désignent quelqu’un que Thomas peut toucher, tantôt quelqu’un qui interdit à Marie de le faire ; d’autres fois, quelqu’un qui se trouve en plusieurs endroits à la fois, ou capable de traverser des portes closes ; quelqu’un qui apparaît et soudain disparaît ; tantôt encore quelqu’un qui se confond avec un jardinier, ou avec un chef d’entreprise de pêche au bord du lac ; tantôt un étranger en voyage incognito… parfois même quelqu’un qui prononce des paroles qui ressemblent au dogme trinitaire de l’Église ancienne : « au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit ».
   Impossible, en effet, de confondre ce « ressuscité » et Jésus de Nazareth : ce serait considérer ce dernier comme un homme « hors du commun », et oublier qu’il fut d’abord un Israélite, inséré dans la vie de son peuple.

   Et pourtant, il ne faudrait pas séparer Jésus de Nazareth de ce « ressuscité ». « Souvenez-vous de quelle manière il a parlé »… ce « souvenir » des paroles de Jésus est précisément le lien entre Jésus de Nazareth et le Vivant. Les femmes, comme plus tard les disciples, reconnurent après coup celui que les Écritures (l’Ancien Testament) annonçaient comme le Messie. Jésus de Nazareth le devint pour eux parce qu’ils avaient reconnu en lui l’homme pleinement pour les autres, la plénitude de l’amour : la croix de Jésus de Nazareth en était la manifestation, à la fois mort et vie, vie à travers la mort, appel à la réconciliation de l’homme avec l’homme. En ce lieu-là, le vivant a surgi, ressuscité aux multiples expressions humaines.

   La mort n’est pas le dernier mot de l’histoire et du monde : au lieu de douter de la vie, je mets en doute la mort : la mort de la mort, un pari et un risque.
   Pari que ce qui est arrivé un jour adviendra pour toujours et pour tous les hommes. Risque de l’amour, qui est la possibilité encore d’être contredit, acte de foi dans un engagement de vie pour ceux qui croient véritable ce qui est toujours contestable. Pari de l’amour qui abat le mur de préjugés, de méfiances, qui ouvre des brèches dans les cercles infernaux d’égoïsmes, de systèmes ou de dogmes, de vérités définitives, et qui suscite des actes gratuits, libérateurs. Chaque fois que des hommes se livrent ainsi à l’amour qui les tue, le vivant est à l’œuvre dans le monde et ce qui, pour l’instant, n’est que prophétie, deviendra histoire !





1992




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