ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Pierre Curie


Le roman inachevé d’un utopiste





Tourcoing (1960-1967) :
parole d’utopie


Sommaire

Prologue

Introduction

Clermont-l’Hérault

Saint-Quentin

Bruay-en-Artois

Tourcoing
- Introduction
- Le protestantisme à
  Tourcoing
- Communauté vivante
- Sensibilisations
- Parole d’utopie
  . Introduction
  . Création et alliance
  . Mort de la religion
  . Résurrection
  . Reniement et foi
  . L’alternative
  . De la solitude à la
    communion
  . À l’œuvre dans le monde
    - En pleine eau
    - Dieu et César
    - Lettres du Christ
- L’impasse
- Recherche de structures
   nouvelles
- Expériences nouvelles
- Vers la crise

La crise

Épilogue




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À l’œuvre dans le monde :
Dieu et César


   Des gens « feignaient d’être justes » : les pharisiens, très patriotes, se déclaraient « purs » de toutes compromission avec les occupants romains, sans toutefois préconiser la révolte. Les hérodiens, partisans du roi Hérode, étaient des opportunistes à la recherche des bonnes grâces des Romains. Tous ces gens voulaient compromettre Jésus sur un plan politique. Leur ruse était habile : l’enfermer dans un « oui » ou dans un « non ». Est-il permis ou non de payer le tribut à César ? « Oui » signifiait la collaboration et la perte de crédit auprès du peuple, « non » appelait le peuple à la révolte contre l’empereur et l’occupation du pays. Collaborateur ou révolutionnaire, deux façons simplistes de compromettre Jésus politiquement.

   « Montrez-moi un denier ; de qui porte-t-il l’effigie ? » Jésus les obligea, eux qui feignaient d’être justes, à prononcer le nom maudit et impur de « César », et à avouer implicitement leur complicité avec cette « économie » qu’ils feignaient de refuser, au moins les pharisiens. Collaborateur ou révolu­tionnaire, Jésus ? Mais eux-mêmes qui servent-ils, Dieu ou Mamon ? Leur « pureté » n’est-elle pas la façade religieuse derrière laquelle s’embusque leur amour de l’argent ? De quel droit veulent-ils compromettre Jésus politiquement, eux qui le sont économiquement ?

   « Rendez à César ce qui lui appartient, et à Dieu ce qui est à lui » cela voulait-il dire que la politique est un domaine opposé au spirituel ? Tentation pharisienne des Églises !
   Jésus conteste la réalité de César, c’est-à-dire de l’État. « Rendez à César » appelle à la responsabilité politique des chrétiens : prenez donc conscience que votre « pureté » est un leurre. Cependant, l’empire de Rome devait à son tour rendre son dû à Dieu. À Pilate, qui lui rappelait le « pouvoir » qu’il détenait de Rome, Jésus répondit « tu n’aurais aucun pouvoir sur moi s’il ne t’avait été donné d’en haut ».
   Rendre à César ce qui lui revient, c’est reconnaître à l’État sa tâche de maintenir la vie du monde dans la justice et dans la paix. Mais rendre à Dieu ce qui lui appartient, c’est affirmer la limite de l’autorité de l’État : s’il en vient à violer la justice et à compromettre la paix, le souci de l’ordre du monde impose à quiconque de lui refuser l’obéissance.

   Il ne convient pas davantage de confondre le politique et le spirituel : ni donner à César ce qui est à Dieu, ni donner à Dieu ce qui appartient à César.
   Le premier cas indique la tentation des dictatures, la confiance aveugle et inconditionnelle aux autorités de l’État qui en vient parfois, lui-même, à invoquer « Dieu » à l’appui de ses entreprises ou de ses guerres : « Dieu avec nous ! ». Sur combien de conquêtes coloniales n’a-t-on pas appelé la « bénédiction divine », quand les missionnaires ne précédaient pas ou n’accompagnaient pas les soldats ! À l’heure où la bombe atomique était larguée sur Hiroshima, les aviateurs américains n’ont-ils pas invoqué de « Dieu de Jésus-Christ » ?
   Le second cas relègue dans le ciel ce qui appartient à la terre, avec cette manière de dire « il y aura toujours des pauvres sur la terre », ou « il y aura toujours des injustices », ou encore « il y aura toujours des guerres », qui renvoie sans cesse vers « Dieu » ce qui est le rôle de « César ». La religion ou la foi justifient alors le désordre établi et se contentent de leur « charité ». La justice, la paix et le bonheur des hommes sont différés dans un futur intemporel et sacré appelé « ciel », « paradis » ou « royaume de Dieu ». On refuse, parce que c’est « politique », de rappeler à « César » sa mission.
   Or Dieu n’est engagé délibérément que dans la vie de l’homme de Nazareth qui a payé, lui-même, le « tribut de César », vivant les mains sales dans l’ambiguïté de l’humanité. L’État et le monde athée ne sont pas nécessairement la « bête de l’Apocalypse » !





1992




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tc434720 : 22/07/2019