Sommaire
Prologue
Introduction
Clermont-l’Hérault
Saint-Quentin
Bruay-en-Artois
Tourcoing
- Introduction
- Le protestantisme à Tourcoing
- Communauté vivante
- Sensibilisations
- Parole d’utopie
. Introduction
. Création et alliance
. Mort de la religion
. Résurrection
. Reniement et foi
. L’alternative
. De la solitude à la communion
. À l’œuvre dans le monde
- En pleine eau
- Dieu et César
- Lettres du Christ
- L’impasse
- Recherche de structures nouvelles
- Expériences nouvelles
- Vers la crise
La crise
Épilogue
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À l’œuvre dans le monde : Dieu et César
Des gens « feignaient d’être justes » : les pharisiens, très patriotes, se déclaraient « purs » de toutes compromission avec les occupants romains, sans toutefois préconiser la révolte. Les hérodiens, partisans du roi Hérode, étaient des opportunistes à la recherche des bonnes grâces des Romains. Tous ces gens voulaient compromettre Jésus sur un plan politique. Leur ruse était habile : l’enfermer dans un « oui » ou dans un « non ». Est-il permis ou non de payer le tribut à César ? « Oui » signifiait la collaboration et la perte de crédit auprès du peuple, « non » appelait le peuple à la révolte contre l’empereur et l’occupation du pays. Collaborateur ou révolutionnaire, deux façons simplistes de compromettre Jésus politiquement.
« Montrez-moi un denier ; de qui porte-t-il l’effigie ? » Jésus les obligea, eux qui feignaient d’être justes, à prononcer le nom maudit et impur de « César », et à avouer implicitement leur complicité avec cette « économie » qu’ils feignaient de refuser, au moins les pharisiens. Collaborateur ou révolutionnaire, Jésus ? Mais eux-mêmes qui servent-ils, Dieu ou Mamon ? Leur « pureté » n’est-elle pas la façade religieuse derrière laquelle s’embusque leur amour de l’argent ? De quel droit veulent-ils compromettre Jésus politiquement, eux qui le sont économiquement ?
« Rendez à César ce qui lui appartient, et à Dieu ce qui est à lui » cela voulait-il dire que la politique est un domaine opposé au spirituel ? Tentation pharisienne des Églises !
Jésus conteste la réalité de César, c’est-à-dire de l’État. « Rendez à César » appelle à la responsabilité politique des chrétiens : prenez donc conscience que votre « pureté » est un leurre. Cependant, l’empire de Rome devait à son tour rendre son dû à Dieu. À Pilate, qui lui rappelait le « pouvoir » qu’il détenait de Rome, Jésus répondit « tu n’aurais aucun pouvoir sur moi s’il ne t’avait été donné d’en haut ».
Rendre à César ce qui lui revient, c’est reconnaître à l’État sa tâche de maintenir la vie du monde dans la justice et dans la paix. Mais rendre à Dieu ce qui lui appartient, c’est affirmer la limite de l’autorité de l’État : s’il en vient à violer la justice et à compromettre la paix, le souci de l’ordre du monde impose à quiconque de lui refuser l’obéissance.
Il ne convient pas davantage de confondre le politique et le spirituel : ni donner à César ce qui est à Dieu, ni donner à Dieu ce qui appartient à César.
Le premier cas indique la tentation des dictatures, la confiance aveugle et inconditionnelle aux autorités de l’État qui en vient parfois, lui-même, à invoquer « Dieu » à l’appui de ses entreprises ou de ses guerres : « Dieu avec nous ! ». Sur combien de conquêtes coloniales n’a-t-on pas appelé la « bénédiction divine », quand les missionnaires ne précédaient pas ou n’accompagnaient pas les soldats ! À l’heure où la bombe atomique était larguée sur Hiroshima, les aviateurs américains n’ont-ils pas invoqué de « Dieu de Jésus-Christ » ?
Le second cas relègue dans le ciel ce qui appartient à la terre, avec cette manière de dire « il y aura toujours des pauvres sur la terre », ou « il y aura toujours des injustices », ou encore « il y aura toujours des guerres », qui renvoie sans cesse vers « Dieu » ce qui est le rôle de « César ». La religion ou la foi justifient alors le désordre établi et se contentent de leur « charité ». La justice, la paix et le bonheur des hommes sont différés dans un futur intemporel et sacré appelé « ciel », « paradis » ou « royaume de Dieu ». On refuse, parce que c’est « politique », de rappeler à « César » sa mission.
Or Dieu n’est engagé délibérément que dans la vie de l’homme de Nazareth qui a payé, lui-même, le « tribut de César », vivant les mains sales dans l’ambiguïté de l’humanité. L’État et le monde athée ne sont pas nécessairement la « bête de l’Apocalypse » !
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