La crise de Jésus a été conditionnée par sa naissance illégitime, cela apparaît sans équivoque à travers l’attitude de ses concitoyens, qui se scandalisèrent parce
qu’il osait les enseigner. Le bâtard était en effet soumis à un statut éthique est social très contraignant, qui
l’assimilait pratiquement à un esclave. D’où le surgissement dans tout bâtard d’
un complexe, dû au refoulement de l’exigence profonde de liberté. Le mythe
d’Ion en
Grèce et celui de Jephté dans le judaïsme nous montrent le schéma de ce complexe, mais aussi
deux possibilités d’issue, l’une théologique par la sublimation religieuse, l’autre politique par la révolte contre la société.
Une étude approfondie de la vie de Jésus montre qu’il vivait sous le conditionnement du statut de bâtard,
assujetti par son travail à une famille qui n’était pas la sienne et toujours en marge d’une société qui,
le considérant comme un étranger, ne lui reconnaissait pas les droits propres aux fils d’Abraham, pas même celui de
fonder sa propre famille. Conditionné par ce statut,
Jésus était donc une victime du complexe du bâtard. Entre les deux possibilités de libération qui s’offraient à lui, il choisit la voie religieuse. C’est à la suite de ce choix qu’il se rendit auprès de Jean, ayant vu dans son baptême le premier pas vers cette purification par l’eau qui était un des points culminants du message d’Ézéchiel. Mais ce départ implique
une rupture avec la société et les siens qui, venant à être privés des ressources de son travail et considérant son propos comme scandaleux,
le crurent fou, possédé par l’esprit impur.