ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



La  rupture  cartésienne  et  la  naissance
d’une  philosophie  de  la  culture
dans  les  œuvres  juvéniles  de  J.-B.  Vico





Les  Discours  (1689-1717)



1-  Vico  orateur




12- Rhétorique et éloquence



Profil biographique de Jean-Baptiste Vico


INTRODUCTION


LES DISCOURS

Vico orateur
La chaire de rhétorique
Rhétorique et éloquence
Sur le sillage de Pic de la
  Mirandole
Le message du De hominis
  dignitate

Discours d'ouverture

La connaissance de soi et la divinité de l'homme

Conscience éthique et conscience historique

La morale des intellectuels

La politique du pouvoir et la politique de l'autorité

Le droit de la guerre et la sagesse du Droit

La corruption de la nature et la méthode des études

La rhétorique des Discours et le projet philosophique de J.-B. Vico


DE NOSTRI TEMPORIS STUDIORUM RATIONE

Vue d'ensemble

La controverse des Anciens et des Modernes et la conscience historique

La nouvelle science

La controverse des langues

Langue et méthode

Le vraisemblable et le sens commun

Le « cogito » cartésien et l'interrogation vichienne du doute

Logique analytique et logique synthétique

Métaphysique et mathématiques


DÉMARCHE POUR UNE PENSÉE CRÉATRICE



BIBLIOGRAPHIE


La logique ou l'art de penser, de Nicolle et Arnauld, 1664 ette vocation oratoire ne fut pas seu­lement le résultat des circonstances. Elle semble jaillir de l’orientation hu­maniste des études de J.-B. Vico, centrées sur la latinité cicéronienne. Le De oratore est l’œuvre qui a influé d’une façon décisive sur sa conception de la rhétorique.

Ce livre montre bien que Cicéron, traducteur et interprète de la pensée grecque, possédait aussi une authentique originalité. Par lui-même, son titre indique la distance que l’auteur voulut pren­dre vis-à-vis de ses maîtres, parce que l’art du dire y est nommé par rapport à la pratique ora­toire, et non aux paradigmes du discours.
   Le dialogue des personnages se fonde sur l’op­position entre la rhétorique et l’éloquence : la pre­mière est la discipline formelle du « bien dire », l’autre un carrefour pour toutes les disciplines, aussi étendu que la philosophie elle-même. Son rôle serait de rendre compréhensibles tous ces problèmes que les philosophes abordent dans des cercles restreints. La philosophie fonde son argu­mentation sur la signification des paroles, l’élo­quence s’appuie sur l’intelligibilité de la parole comme acte de communication. L’éloquence, après avoir transformé les formes rhétoriques en langage vivant, offre à la philosophie la possibilité de s’approcher du peuple (5).

La situation culturelle à l’époque de J.-B. Vico avait des points communs avec le contexte histori-que du De oratore. Deux tendances dominaient alors les études : l’une, rhétorique, issue du baro­que, cherchait la persuasion par les artifices de la parole ; l’autre, cartésienne, visait à convaincre par la réduction à l'évidence. Ainsi deux méthodes se côtoyaient, qui séparaient le penser du dire.
   L’intention première de la démarche philo­sophique de Vico sera le dépassement de ce di­vorce. Mais, pour l’heure, le jeune philosophe n’approfondira pas les raisons de cette rupture. Il comprit, cependant, par la lecture de Cicéron, que l’art de la parole séparé de la philosophie ne pou­vait qu’entrer en crise.
   À ses yeux, en effet, une coupure s’était pro­duite dans le rapport unissant les deux fonctions du langage : la signification et la communication. La parole n’avait plus d’autre but que d’être com­municative et d’autre signification que l’effet de sa propre communication, elle avait abandonné l’élo­quence pour se confiner dans la rhétorique.
   En définitive, Vico s’en prenait moins aux car­tésiens qu’aux rhétoriciens, auxquels il appartenait cependant. Il soulignait l’impasse dans laquelle se trouvaient la philosophie et la rhétorique : si l’une était, en effet, sans contenu, l’autre était toujours aux prises avec les difficultés liées à la persuasion. Toutes les deux étaient abstraites, impuissantes à se situer au niveau du langage concret des hom­mes.

Vico voulut résoudre le problème dans la pers­pective où Cicéron lui-même l’avait situé. Chez lui l’art du discours, élevé à la dignité d’élo­quence, se mariait à nouveau à la philosophie, qui devait être comprise par tous lorsque le discours, support de la culture, serait devenu oratoire. C’est pourquoi il voulut être orateur, pour créer un discours où la parole de son temps puisse soutenir de nouveau une pensée, et dans lequel la pensée puisse s’in­carner dans la parole du peuple.
   Il souhaitait aussi convaincre les hommes divi­sés, particulièrement les jeunes, tiraillés entre la rhétorique et la philosophie, de rechercher cette unité de culture. Son discours devait être un exemple et un appel. Mais quel modèle pouvait-il invoquer pour une telle entreprise ? L’orateur, comme le Crassus du dialogue cicéronien, doit tendre à quelque chose de plus grand que le but offert par l’école (6). Vico le trouva dans le projet d’homme de la tradition humaniste, conforme à l’idéal de sagesse des grecs et à la grandeur ro­maine.




Thèse soutenue le 22 juin 1974




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t311120 : 09/10/2018