Profil biographique de Jean-Baptiste Vico
INTRODUCTION
LES DISCOURS
Vico orateur
. La chaire de rhétorique
. Rhétorique et éloquence
. Sur le sillage de Pic de la Mirandole
. Le message du De hominis dignitate
. Discours d'ouverture
La connaissance de soi et la divinité de l'homme
Conscience éthique et conscience historique
La morale des intellectuels
La politique du pouvoir et la politique de l'autorité
Le droit de la guerre et la sagesse du Droit
La corruption de la nature et la méthode des études
La rhétorique des Discours et le projet philosophique de J.-B. Vico
DE NOSTRI TEMPORIS STUDIORUM RATIONE
Vue d'ensemble
La controverse des Anciens et des Modernes et la conscience historique
La nouvelle science
La controverse des langues
Langue et méthode
Le vraisemblable et le sens commun
Le « cogito » cartésien et l'interrogation vichienne du doute
Logique analytique et logique synthétique
Métaphysique et mathématiques
DÉMARCHE POUR UNE PENSÉE CRÉATRICE
BIBLIOGRAPHIE
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ette vocation oratoire ne fut pas seulement le résultat des circonstances. Elle semble jaillir de l’orientation humaniste des études de J.-B. Vico, centrées sur la latinité cicéronienne. Le De oratore est l’œuvre qui a influé d’une façon décisive sur sa conception de la rhétorique.
Ce livre montre bien que Cicéron, traducteur et interprète de la pensée grecque, possédait aussi une authentique originalité. Par lui-même, son titre indique la distance que l’auteur voulut prendre vis-à-vis de ses maîtres, parce que l’art du dire y est nommé par rapport à la pratique oratoire, et non aux paradigmes du discours.
Le dialogue des personnages se fonde sur l’opposition entre la rhétorique et l’éloquence : la première est la discipline formelle du « bien dire », l’autre un carrefour pour toutes les disciplines, aussi étendu que la philosophie elle-même. Son rôle serait de rendre compréhensibles tous ces problèmes que les philosophes abordent dans des cercles restreints. La philosophie fonde son argumentation sur la signification des paroles, l’éloquence s’appuie sur l’intelligibilité de la parole comme acte de communication. L’éloquence, après avoir transformé les formes rhétoriques en langage vivant, offre à la philosophie la possibilité de s’approcher du peuple (5).
La situation culturelle à l’époque de J.-B. Vico avait des points communs avec le contexte histori-que du De oratore. Deux tendances dominaient alors les études : l’une, rhétorique, issue du baroque, cherchait la persuasion par les artifices de la parole ; l’autre, cartésienne, visait à convaincre par la réduction à l'évidence. Ainsi deux méthodes se côtoyaient, qui séparaient le penser du dire.
L’intention première de la démarche philosophique de Vico sera le dépassement de ce divorce. Mais, pour l’heure, le jeune philosophe n’approfondira pas les raisons de cette rupture. Il comprit, cependant, par la lecture de Cicéron, que l’art de la parole séparé de la philosophie ne pouvait qu’entrer en crise.
À ses yeux, en effet, une coupure s’était produite dans le rapport unissant les deux fonctions du langage : la signification et la communication. La parole n’avait plus d’autre but que d’être communicative et d’autre signification que l’effet de sa propre communication, elle avait abandonné l’éloquence pour se confiner dans la rhétorique.
En définitive, Vico s’en prenait moins aux cartésiens qu’aux rhétoriciens, auxquels il appartenait cependant. Il soulignait l’impasse dans laquelle se trouvaient la philosophie et la rhétorique : si l’une était, en effet, sans contenu, l’autre était toujours aux prises avec les difficultés liées à la persuasion. Toutes les deux étaient abstraites, impuissantes à se situer au niveau du langage concret des hommes.
Vico voulut résoudre le problème dans la perspective où Cicéron lui-même l’avait situé. Chez lui l’art du discours, élevé à la dignité d’éloquence, se mariait à nouveau à la philosophie, qui devait être comprise par tous lorsque le discours, support de la culture, serait devenu oratoire. C’est pourquoi il voulut être orateur, pour créer un discours où la parole de son temps puisse soutenir de nouveau une pensée, et dans lequel la pensée puisse s’incarner dans la parole du peuple.
Il souhaitait aussi convaincre les hommes divisés, particulièrement les jeunes, tiraillés entre la rhétorique et la philosophie, de rechercher cette unité de culture. Son discours devait être un exemple et un appel. Mais quel modèle pouvait-il invoquer pour une telle entreprise ? L’orateur, comme le Crassus du dialogue cicéronien, doit tendre à quelque chose de plus grand que le but offert par l’école (6). Vico le trouva dans le projet d’homme de la tradition humaniste, conforme à l’idéal de sagesse des grecs et à la grandeur romaine.
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