ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
Ennio FlorisLa rupture cartésienne et la naissance
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Le De nostri temporis studiorum ratione (1708)1- Vue d’ensemble de l’œuvre |
16- L’objectif de mon étude |
Profil biographique de Jean-Baptiste Vico
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vant tout, j’ai cherché à suivre la formation de la pensée de Vico dans son dialogue avec les courants culturels qui en représentent le contexte historique. Ma préoccupation a été plus diachronique que synchronique, sans toutefois négliger l’étude des structures dans lesquelles Vico a fixé sa réflexion. J’ai la conviction que cette étude pourra contribuer à faire s’écrouler le mythe de Vico penseur solitaire et isolé, mythe qu’il avait lui-même aidé à créer. Ainsi ma recherche s’est surtout attardée sur les deux points suivants : son passage des préoccupations rhétoriques aux problèmes pédagogiques et méthodologiques, et son souci de synthèse, dans leur conflit, des cultures humaniste et baroque avec le cartésianisme. Dans la reconstruction du contexte culturel, je n’ai visé qu’à mettre en relief les points de rupture qui constituaient les motivations les plus profondes de l’œuvre de Vico. C’est pourquoi les quelques aperçus que j’ai donnés de la Renaissance, du Maniérisme et du Baroque, mes vues sur la Nouvelle science, ainsi que mes recherches sur la controverse des Anciens et des Modernes ont, en dépit de leur brièveté, une importance fondamentale dans mon ouvrage. Ces pages, sur ces périodes, ne contiennent qu’un regard rétrospectif, précisément à partir de la pensée de Vico. Elles sont utiles à la connaissance de cet arrière-fond qui permet de mettre en évidence ces images, ces thèmes, ces concepts et ces visées qui sont à la charnière de la pensée vichienne. On pourrait dire aussi qu’elles contiennent une interprétation historique des cultures telle qu’elle apparaît dans la pensée de Vico. C’est pourquoi le souci de parvenir à une « conciliation » des méthodes prévaut sur l’intention de mettre en relief leur utilité et leurs nuisances. L’objectif de l’œuvre semble donc éclipsé par l’intention de l’auteur, vis à vis de laquelle il n’est en fin de compte qu’un prétexte. À ce niveau repose, à mon avis, l’importance de l’œuvre. En dépit de son propos de ne pas traiter des sciences elles-mêmes, Vico pénètre dans le domaine épistémologique, esquissant une critique fondamentale de la logique, des mathématiques, de la poésie, de l’éloquence et de la jurisprudence. Ainsi est-il parvenu à réaliser son œuvre de « conciliation », dans la mesure où il a découvert une philosophie de la culture. Je me suis efforcé de dénouer l’intrigue des deux finalités de l’œuvre et de l’auteur, pour révéler le fil conducteur d’une pensée qui, sans le prétendre, est déjà philosophique. |
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t312160 : 13/08/2017