’essai cherche à mettre en parallèle l’ancienne et la nouvelle méthode des études. Pour Vico, il ne s’agit pas de procéder à une redéfinition et à une classification des sciences à la suite des inventions des temps modernes. Directement du moins, son intention n’était pas encyclopédique, s’intéressant moins aux sciences en elles-mêmes qu’à leur méthodologie. Il n’entendait pas, non plus, faire œuvre pédagogique ; par contre, il envisageait de mettre en confrontation les instruments (instrumenta) et les supports (adiumenta) par lesquels les sciences sont ou ont été apprises. En d’autres termes, il cherchait les raisons méthodologiques.
On devine le contexte qui sous-tend la composition de l’œuvre. Vico avait sous les yeux les De augmentis scientiarum de Bacon, dont la découverte le hantait et le bouleversait. Il avait dû penser aussi – le mot ratio le confirme – au statut des collèges jésuites, contenu dans le célèbre Ratio studiorum toujours en vigueur (3). Le choix du thème indique que Vico s’inspirait de Bacon, sans aborder les mêmes problèmes. Quant au Ratio studiorum, il savait bien qu’il ne contenait aucune théorie sur la méthode, celle-ci étant confiée à la pratique de l’enseignement.
Il n’envisageait pas, non plus, de suppléer aux manques du Ratio studiorum, puisqu’il ne voulait s’occuper que de méthodologie. Il apparaît bien que le courant visé était le cartésianisme. Vico n’a pas touché directement à la pensée de Descartes, puisque le cartésianisme qu’il voulait mettre en balance était celui des disciples, devenu philosophie dominante, méthode générale du savoir. D’une façon spéciale, il s’est attaqué à la logique d’Arnauld et à toute la théorie qui reconnaissait dans la méthode cartésienne la norme suprême de l’approche scientifique.
Bien qu’il en ait voulu au cartésianisme, l’exigence de la recherche l’obligeait à renoncer à tout parti pris pour en assurer l’objectivité. Quant aux personnes, il est toujours resté fidèle aux normes de l’éthique des intellectuels qui lui commandait de les respecter même dans leurs erreurs. Bref, on a l’impression qu’il voulait rester neutre entre les partisans de la méthode nouvelle et ceux de l’ancienne, pour faire parler celles-ci après les avoir mises en confrontation quant à leur utilité (commoda – utilitas) et à leurs dommages (damna).