ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisLa rupture cartésienne et la naissance
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Les Discours (1689-1717)3- Conscience éthique et conscience historique
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32- Le conflit des passions |
Profil biographique de Jean-Baptiste Vico
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En effet, l’homme pichien se trouve moins dans le sillage d’une culpabilité originelle qu’au sein d’un monde inachevé, dont l’accomplissement lui a été confié. Sa réponse est décisive, autant pour lui-même que pour tout l’univers. En effet, si l’homme refusait son « oui », les deux parties du monde – le spirituel et le matériel – resteraient écartelées, ne pouvant rejoindre le Créateur. La morale s’inscrit dans l’ontologique et la liberté humaine devient médiatrice de l’harmonie universelle des êtres. Ainsi se déploie l’envergure du message pichien : la conscience des hommes n’est que liberté, leur comportement éthique devient la condition de la valeur et du sens de l’univers. Vico emprunte à Pic de la Mirandole la notion de foedus pour l’étendre dans un sens social et politique. S’ils sont liés par une alliance avec Dieu, les hommes sont inscrits en même temps par elle dans une république universelle (4). Au rôle de médiateur s’ajoute celui de prince. Sous cet aspect, l’affirmation que l’homme est privé de nature semble le gêner, car – pour lui – l’homme a pour nature la possibilité de liberté que l’alliance de Dieu lui offre. En d’autres termes, l’homme a pour nature son devoir-être qui ne serait que l’appropriation de sa part de la Loi éternelle constitutive de l’Alliance. Son essence est la loi éternelle elle-même dans toute son étendue. Cette précision, d’origine stoïcienne, offre une meilleure compréhension de la liberté. Selon la théorie de Pic de la Mirandole, l’homme était foncièrement esclave, conditionné par l’attrait des deux natures – la céleste et la sensible – en sorte que sa décision n’était pas seulement motivée par sa liberté, mais aussi par l’interaction à caractère cosmique des deux natures. En conséquence de cette thèse, les deux extrêmes qui marquaient les limites du choix – l’ange et la bête – deviennent chez Vico pôles de la dialectique de l’être. Pic de la Mirandole avait sur lui l’avantage d’affirmer un existentialisme hardi, surprenant, révolutionnaire. Vico semble le suivre, mais en même temps il le limite par un retour subtil à l’essentialisme. En cela, il le libère de ses attaches cosmologiques. La distinction entre essence et existence est réintroduite. Existant dans un libre choix, l’homme accomplit cependant sa nature s’il obéit ou s’il désobéit à la loi éternelle. |
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t311320 : 01/09/2019