ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisLa rupture cartésienne et la naissance
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Le De nostri temporis studiorum ratione (1708)3- La nouvelle science |
35- René Descartes : |
Profil biographique de Jean-Baptiste Vico
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e premier à avoir définitivement rompu avec la tradition du livre, Descartes, aurait-il pu éviter de se servir de l’image du livre pour parler de la nature ? Suivons-le dans le De Mundo, où il aborde pour la première fois le problème de la nature. Avant tout, il est dominé par le souci de refuser la théorie aristotélico-thomiste de la connaissance, fondée sur le principe de la production des espèces. Ne voyant dans la sensation que l’effet d’un mouvement, celle-ci n’est qu’une modification sans ressemblance avec la chose. L’idée de la chose ne peut donc provenir d’elle (19). La critique de la théorie des espèces avait été présentée par l’école napolitaine. Je me limiterai à Campanella et à Galilée, dont Descartes avait une certaine connaissance. La critique de Campanella se réfère à la fonction épistémologique de la sensation, dans laquelle les aristotéliciens voyaient la « forme », c’est à dire la représentation objective de la chose. C’est pourquoi la sensation n’est pas forme, mais modification du sujet. Entre Campanella et Descartes n’existe qu’un accord apparent, puisque pour Descartes la modification est passive, tandis que pour Campanella elle est active : le sujet est modifié dans la mesure où il subit une action de la part de l’objet ; il est donc attiré vers l’objet, devenant autre que lui. Bien que la sensation ne soit pas la forme de la chose, elle en porte activement la similitude : elle transforme le sujet en le rendant semblable à l’objet. « Le sens se produit, non par un processus d’information, mais de transmutation » (20). Cette théorie demeure liée cependant à une conception animiste de la nature. C’est pourquoi Galilée a soumis la théorie aristotélicienne à une critique plus radicale encore, ne voyant dans la sensation qu’une entité subjective, sans autre valeur que verbale. Quant à la sensation active, c’est à dire comme mouvement, il y a découvert le moyen de comprendre la nature dans le cadre du langage mathématique (21). Descartes se situe dans la visée de Galilée. Cependant, en écrivant le De Mundo, loin de rallier le processus de la connaissance de la nature exprimé par Galilée, il confère à la sensation une fonction de signification. Bien que la sensation ne soit pas semblable à la chose, elle joue vis à vis d’elle le rôle de signe qui lui revient du fait qu’elle provient de la chose. Elle est comme le mot dans la langue. Nous retrouvons le même problème dans la sixième Méditation. Entre le De Mundo et cette Méditation, toute la philosophie cartésienne se trouve exposée. Ainsi la recherche de la connaissance de la nature ne se trouve pas au commencement de la réflexion philosophique, mais à son aboutissement (23). Soulignons que nous ne rencontrons ni le mot « livre », ni celui de « signe ». Toutefois, y est affirmé que la nature « enseigne », et le mot de « signification » est employé à propos de la sensation. Descartes ne remettait pas en question une fonction signifiante de la sensation. Cependant, on peut s’interroger sur l’objet de cette fonction. Comment la sensation pourrait-elle signifier la chose, si elle n’est que subjective, modification du sujet ? En pénétrant plus profondément dans l’impulsion sensitive, Descartes a découvert deux niveaux : celui du mouvement des impulsions et celui des modifications produites dans le sujet, telles que la couleur, le son, la saveur, etc. (24) Par son caractère subjectif, la sensation ne peut jouer aucun rôle vis à vis de la réalité. Elle n’est pas signifiante de l’objet, mais de l’« utilité et la nuisance » des objets à l’égard du sujet. |
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t312350 : 21/08/2017