Méditations. Tandis que, dans les Descartes est passé du cogito au esse avec la préoccupation d’en souligner l’enchaînement « cogito, ergo sum », dans les il a abandonné ce souci, en laissant apparaître le « j’existe » en opposition dialectique avec le doute. Nous noterons aussi que l’équation « doute – pensée » demeure en arrière-plan.
Dans ce texte, Vico semble s’être inspiré des puisqu’il interprète le cogito cartésien comme un processus de doute (dubitazione), ce qui était compréhensible Méditations lui ont donné cependant l’assurance de se trouver dans sa démarche en accord avec Descartes.
Vico que l’existence du sujet. Mais cette restriction n’est qu’apparente, le doute sur l’être véritable du sujet impliquant aussi la remise en question de toutes les autres connaissances. Loin de le restreindre, qu’il soit resté perplexe devant le texte cartésien qui semble donner à penser que l’existence du sujet n’ait pas été remise en doute. Nous reviendrons sur ce passage. Dans cette hypothèse, Vico aurait appliqué le doute à l’existence du sujet, pour bien montrer que même l’existence du sujet ne Cette universalité du doute est requise par l’écart gnoséologique qui est à sa base : rappelons que, chez Descartes, le doute est fondé sur la double marge de possibilité offerte par la logique des propositions probables. Tout ce qui est probable ou vraisemblable peut apparaître aussi bien vrai que faux. Le doute exploite cette dernière alternative (9). Chez Vico, il surgit de l’écart entre la conscience de fait et la connaissance.
Descartes, le sujet doutant n’est que l’ego imaginatif qui agit sur le vraisemblable pour le vider de toute apparence de vrai. Cependant que le « je » pensant s’entoure du silence de l’attente, prêt à apparaître à la mort du vraisemblable : chez Vico le doute, fonction du sujet pensant, ne recherche pas la persuasion, mais l’enquête et l’interrogation sur les connaissances de fait de la conscience. Le sujet, percevant alors sans le savoir son existence, s’interroge sur lui-même : suis-je ? interrogation qui n’apparaît pas au cours du doute cartésien. Certes, chez Le sujet pensant vichien revendique le doute pour lui-même, car il est ce doute. Loin de s’enfermer dans l’attente de sa propre manifestation, il va à la rencontre de tous les faits de conscience, non pour les anéantir mais pour les assumer. Il doute parce qu’il ne sait pas, mais aussi parce qu’il doit savoir. Il ne vient pas du monde, et cependant il appartient au monde. Le doute surgit d’un être qui est problème.
escartes avait intériorisé le doute dialectique, Vico le doute sceptique. Les sceptiques auraient pu dire « je doute, donc je ne sais pas si j’existe, précisément parce que je ne pense pas ». Descartes. Pour Il est curieux de remarquer que Vico ait pu accuser Descartes de scepticisme, alors Descartes du doute dialectique, Descartes à l’égard de la dialectique jaillisse d’un penchant dialectique refoulé, de même que l’aversion de
Thèse soutenue le 22 juin 1974
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