Profil biographique de Jean-Baptiste Vico
INTRODUCTION
LES DISCOURS
Vico orateur
La connaissance de soi et la divinité de l’homme
Conscience éthique et conscience historique
La morale des intellectuels
La politique du pouvoir et la politique de l’autorité
Le droit de la guerre et la sagesse du Droit
La corruption de la nature et la méthode des études
. Nécessité d’affranchir les études
. La nature corrompue et le péché des parents
. La réforme de la nature
. L’univers des arts et des sciences
. Le schéma pédagogique
. Les deux schémas de Vico et l’encyclopédie baconienne
. Avènement de l’homme et événement de la culture
La rhétorique des Discours et le projet philosophique de J.-B. Vico
DE NOSTRI TEMPORIS STUDIORUM RATIONE
Vue d’ensemble
La controverse des Anciens et des Modernes et la conscience historique
La nouvelle science
La controverse des langues
Langue et méthode
Le vraisemblable et le sens commun
Le « cogito » cartésien et l’interrogation vichienne du doute
Logique analytique et logique synthétique
Métaphysique et mathématiques
DÉMARCHE POUR UNE PENSÉE CRÉATRICE
BIBLIOGRAPHIE
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tant donné le caractère paradigmatique de cette esquisse, je ne m’attarderai pas à donner des explications, qui seraient cependant fort utiles. En écrivant cette page, Vico n’avait d’autre intention que d’offrir un type de classification plus ou moins conforme à la méthode des études en vigueur dans les universités. Il cherchait, en effet, à marquer la différence entre une méthode abstraite, a priori, et une méthode concrète, a posteriori, correspondant aux étapes de la psychologie de l’homme.
La différence apparaît quand on considère les caractères de la psychologie enfantine ou adolescente. Dans le paradigme se retrouve une disposition des sciences selon la raison ; au contraire, dans la vie des enfants, tout est soumis aux sens et aux passions. Or le fait que la méthode scolaire s’inspire de ce schéma montre bien qu’elle ne tient pas compte de la personnalité des enfants ; elle tend seulement à les adapter comme des choses au modèle idéal. L’enfant est bien un homme déchu qui aurait perdu par le péché sa dignité et sa personnalité d’homme. L’éducation de l’école ne peut que le renier dans sa réalité concrète, en lui imposant un ordre idéal de raison. Sa nature étant corrompue, il convient de le contraindre par la discipline, en lui faisant violence dans sa mémoire, dans son imagination et dans son désir de liberté. L’adulte décide pour lui.
Pour Vico, l’enfant jouit de sa liberté d’homme, puisqu’il peut se sauver lui-même. La mémoire et la fantaisie, bien que dissociées et aliénées, restent toujours des facultés actives de l’esprit. Pour l’éduquer, il convient de le suivre dans les étapes de son évolution, et surtout chercher à connaître la faculté prédominante à chaque étape. Les constantes de la vie concrète, et non un schéma préfabriqué, doivent servir de norme à l’enseignement. La dialectique doit cesser d’être dogmatique pour devenir pédagogique.
L’étude de l’évolution psychologique montre qu’à chaque étape, le vide provoqué par une dissociation est comblé par l’activité excédante d’une faculté. Dans la toute première enfance, la dissociation du langage est corrigée par la mémoire ; dans la puberté, l’errance des opinions est compensée par la puissance créatrice de l’imagination ; dans l’âge adulte, enfin, l’instinct de l’utile est réglé par la prudence. Pour parvenir à la parfaite humanité, il convient d’exploiter, selon l’âge, la faculté prédominante au moyen de la discipline dont elle est elle-même fondatrice.
En tout premier lieu, il faut faire apprendre le latin et le grec qui, en étant les langues fondamentales de notre culture, donneront aux enfants la possibilité de s’exprimer. Par la suite, ils seront instruits dans les mathématiques et la physique, qui éduqueront leur imagination tout en les introduisant dans le raisonnement. Enfin, leur entendement dégrossi, et rendus aptes à une « intelligence pure et sans mélange », ils pourront s’adonner à la métaphysique et à la théologie. À ce moment, la méthode cartésienne entre en jeu. Vico y fait allusion, dans la mesure où il parle d’une méthode qui devra les conduire « aux choses vraies et certaines, après les avoir examinées de tous côtés et libérées du doute » (10).
Les études des sciences humaines et divines accomplies, les jeunes, parvenus désormais au seuil de leur maturité, devront s’instruire dans la prudence, se conduisant dans la vie comme des pilotes dans la mer, les yeux fixés sur les étoiles pour suivre sans dévier le tracé de leur itinéraire. Ce sera le moment de l’animus, de l’intelligence pratique qui les formera par la morale et la science civile à être honnêtes et sages.
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