ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisChronique de Marie-MadeleineRoman |
Au jardin |
Présentation Texte intégral : La rencontre d’amour - Au puits d’Agar - Martha, ma soeur - L’ombre de ma mère - L’onction de l’époux - Au jardin - Ammi et Ruchama - Pierre et Jean - Nuit Les disciples du Royaume Le banquet des noces Itinéraire d’un bâtard Le défi La fugue Sur le pont du bateau Chemins d’amour Dalmanutha Transfiguration et insurrection La Dédicace Correspondances Béthanie Gethsémani Le procès Golgotha L’enterrement Le jour de la Pâque Le tombeau vide Les semeurs |
artha et moi, nous sommes réveillées très tôt, ce matin, pour vaquer aux soins du ménage et préparer la réception. J’étais très agitée, obnubilée par mes sentiments et indifférente aux soucis du moment. Martha l’a bien vu : « Écoute, chérie, arrête de tourner en rond ! Va plutôt au jardin nettoyer les allées et cueillir des fleurs pour garnir la table. Là, tu seras plus à l’aise ; tu retrouveras les couleurs, les parfums, les espaces lumineux ou les coins ombragés que ton cœur recherche. Tu es si exubérante, aujourd’hui, que la maison est trop petite pour toi ! » Martha avait raison. Il faisait très beau. Déjà les feuillages se jouaient des rayons du soleil sur le parterre ombragé ; les recoins fleuris m’invitaient de leur parfum. Sur le mur j’ai élagué les branches de jasmin, ôtant fleurs et feuilles mortes ; j’ai ramassé et nettoyé la touffe de glycines en fleurs. L’envie me prit de parsemer de pétales de roses l’allée qui mène du portail à la porte d’entrée. « Ce sera un beau tapis, sur lequel il pourra marcher comme sur un sentier d’amour. » J’ai cueilli des roses dans un panier et, à reculons depuis le portail, j’ai lancé à la volée les pétales, comme pour une fête.
Quand Jésus a frappé, Martha venait de déposer sous le sycomore un plateau garni de figues, de dattes et de raisins. Elle s’est mise à courir devant moi, car je m’attardais devant le miroir pour retoucher mes cheveux ; mais elle n’a pas osé ouvrir la porte, préférant m’attendre. J’ai tiré la barre. Jésus m’est apparu moins fatigué et plus détendu que la première fois, au puits d’Agar. Mais ses vêtements étaient négligés et aucune femme n’avait soigné sa chevelure, cela m’a rassurée. Nous nous sommes approchés du sycomore, foulant le tapis de roses. Dès que nous fûmes arrivés, Martha s’est excusée : Jésus a pris alors sur le plateau quelques grains de raisin et les lui a offerts avant qu’elle ne s’éloigne. Saisie moi-même par la gourmandise, j’ai pris du raisin que j’ai tendu à Jésus.
Je me suis réfugiée dans ses bras. Il a essuyé mes larmes et m’a dit : « Elles sont encore amères », puis il a ri. J’aurais voulu demeurer longtemps ainsi, mais la porte s’est ouverte : Martha était suivie d’un homme de taille moyenne, d’aspect débonnaire, cheveux frisés et pieds nus, qui marchait en se dandinant et tenait un poisson à la main. Donnant le poisson à Martha, il m’embrassa, puis il nous présenta la carpe en déclarant : « Les eaux vous offrent ce poisson pour votre bonheur ». |
t320105 : 06/04/2020