ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



Chronique  de  Marie-Madeleine



Roman





Chapitre 1 - La rencontre d’amour :

Pierre et Jean



Magnum Dictionarium latinum et gallicum, de P. Danet, MDCXCI





Présentation


Texte intégral :

La rencontre d’amour
- Au puits d’Agar
- Martha, ma soeur
- L’ombre de ma mère
- L’onction de l’époux
- Au jardin
- Ammi et Ruchama
- Pierre et Jean
- Nuit

Les disciples du Royaume

Le banquet des noces

Itinéraire d’un bâtard

Le défi

La fugue

Sur le pont du bateau

Chemins d’amour

Dalmanutha

Transfiguration et insurrection

La Dédicace

Correspondances

Béthanie

Gethsémani

Le procès

Golgotha

L’enterrement

Le jour de la Pâque

Le tombeau vide

Les semeurs


e suis redescendue au jardin, près du bassin où j’ai trouvé Pierre assis au bord de l’eau ; à ses côtés, un jeune homme se tenait debout.
Maria, voici Jean, un nouveau frère.
- Bonsoir, Jean.
- Bonsoir, Maria.
   Nous nous sommes embrassés. Jean était un très jeune homme, aux yeux châtain clair et à la peau d’al­bâtre. Il était rêveur, plongé dans sa méditation. Nous connûmes alors un moment d’exaltation, au­quel Céphas mit fin :
Maria, le Maître a passé beaucoup de temps avec toi... à la pêche !
- Suis-je un poisson ?
- Sans doute le plus beau qu’un pêcheur ait jamais pris ! Ma sœur, ne t’étonne pas ; depuis que je suis devenu « pêcheur d’hommes », je vois des poissons partout.
- Comment es-tu devenu pêcheur d’hommes ?
- En parabole ! L’autre jour, j’étais dans ma barque, un peu au nord de Capharnaüm, là où le Jourdain dé­bouche dans la mer. J’avais lancé mon filet mais, n’ayant rien pris, je commençais à virer vers le port quand un homme s’est approché de moi. Son visage était lumineux et sa peau tannée par le vent, mais il n’était pas marin. J’ai eu l’impression qu’il revenait de loin, du désert.

" Que fais-tu, mon vieux ? m’a-t-il dit. Tu as jeté le filet et tu es revenu bredouille !
" Peut-être crois-tu que le lac est comme le bassin d’un jardin, foisonnant de carpil­lons ! L’eau est poissonneuse, mais sou­vent les poissons se cachent, ou partent vers la mer par des passages souterrains.
" Si les poissons s’enfuient, est-ce parce que l’eau est impure ?
" Peut-être que des courants insalubres la contaminent. Pour la purifier, de nouvel­les sources devraient jaillir de l’Hermon... Quel rêve !
" Crois-tu que les rêves soient irréalisa­bles ? Quel est ton nom ?
Céphas, fils de Jonas.
Céphas, n’as-tu jamais entendu parler de la source d’eau vive qui jaillira du tem­ple, selon le message d’Ézéchiel ? Ce sera un torrent, qui coulera vers tous les ruis­seaux et les fleuves du pays, donnant des eaux très pures. Il sera si profond que des pois­sons de toutes espèces le peupleront. Sur ses rives, de nombreux pêcheurs re­ti­re­ront des filets si lourds qu’ils peineront pour les amener. Le long du torrent, de nom­breux arbres exposeront des fruits abon­dants...
" Homme, te voilà aussi à rêver, comme je le faisais en soupirant après les sources de l’Hermon.
" Mais puisque mon rêve fait suite à la vi­sion du prophète, peut-être annonce-t-il sa réalisation ?
" Si Ézéchiel était parmi nous, il pourrait nous le confirmer.
Les prophètes ne sont plus là quand leurs messages s’accomplissent, Céphas.
" C’est vrai, mais je voulais dire un pro­phète qui, avec l’esprit d’Ézéchiel, pour­rait devenir le garant de la réalisation du mes­sage.
" Un prophète ne garantit jamais son mes­sage : seule la réalisation de son message témoigne de l’authenticité du prophète. Si ta pêche et mes paroles forment la para­bole du message d’Ézéchiel, nous deve­nons alors prophètes dans l’esprit d’Ézé­chiel.
" Qu’ai-je fait pour devenir parabole du mes­sage prophétique ?
" Tu as jeté ton filet là où le Jourdain dé­bouche dans la mer, et réalisé ainsi le ges­te prédit par le prophète. Moi, je t’ai fait connaître le message, quand tu espé­rais que les poissons se prendraient à ton filet. La parole du prophète quitte l’écrit pour se manifester par ton geste et par ma pa­ro­le. Je reconnais ainsi en moi l’esprit du prophète, et tu deviens le premier des pê­cheurs d’hommes aperçus par le pro­phète au bord du torrent qui jaillit du temple."
- Pour la première fois, je comprenais la parole pro­phétique à partir de l’expérience vécue, et sans avoir recours aux explications d’un rabbi : elle m’inter­pel­lait. J’ai repris le filet et l’ai lancé, comme l’un des pêcheurs décrits par le prophète. Cette autre parole m’est revenue à l’esprit : « Dominez tous les pois­sons de la mer ». Par mon métier, j’avais appris à re­con­naître les poissons du lac ; maintenant, j’aurais cru les connaître par leur nom et exercer un pouvoir sur eux. Le filet était plein de poissons de toutes es­pè­ces, et si lourds que j’ai dû faire de grands efforts pour le ramener à la barque.
" Maître, me suis-je écrié en me pros­ter­nant aux pieds de cet homme, je recon­nais que tu es un prophète.
" Et moi, je t’affirme que tu es un pê­cheur d’hommes, Céphas. Ton nom ne sera plus Céphas mais Pierre, parce que tu es la pierre d’où a jailli la foi dans la réalisation de la parole prophétique."
   Jean et moi, bouleversés par ce récit, nous avions écouté en silence ; Pierre a rajouté :
- Comprends-tu maintenant pourquoi je t’ai dit que tu as été saisie par la parabole comme un poisson dans le filet ?
- Oui, mais moi, j’ai été saisie à l’instant où j’ai puisé de l’eau, puis quand j’ai tenu en mains le flacon de parfum.
- Paraboles différentes, mais le même Royaume pour tous, reprit Pierre. Jean, qui était resté silencieux, dé­cla­ra alors :
- Il y a différentes paraboles, puisque chacun va vers Dieu par les actes de sa propre existence. La para­bole du filet est sans doute la plus universelle, même si elle n’est pas la plus originale ! Nous ne pouvons pas échapper à l’amour de Dieu.




Roman achevé en 2002




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t320107 : 06/04/2020