ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Pierre Curie


Le roman inachevé d’un utopiste





La crise
(juin 1967 – juin 1968)


Sommaire

Prologue

Introduction

Clermont-l’Hérault

Saint-Quentin

Bruay-en-Artois

Tourcoing

La crise
- Introduction
- Changer...
- Les Centres régionaux
- Le Centre du Nord
- Faire front
- Aux limites
  . Les travailleurs étrangers
  . Un culte pas ordinaire
    - Dialogues du dimanche
    - L’homme face à la mort
    - Amour et révolution
    - Travail et création
    - L’Alleluia de Hændel
    - Foi et histoire
    - Troubler les conscien-
       ces
- Double jeu
- Visite d’Albert Gaillard
- Interventions en soutien
- La réunion de Palaiseau
- Le synode de Royan
- La dernière proposition
- Contrepoint

Épilogue




. . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . .

Aux limites de l’impossible :
un « culte » pas ordinaire


Amour et révolution


   Le cinq novembre 1967, dialogue autour du thème « Amour et révolution »… la plus grande violence !


« Il y avait un gars surnommé Manzanna,
aux yeux de sources, transparents,
à l’âme murmurante ainsi qu’une mansarde
peuplée de colombes, de guitares et de tableaux
épars.
Il adorait les épis de maïs, le base-ball, les enfants,
les oiseaux,
et dans la ronde frénétique d’un pachanga
la surprise de deux miracles sous leurs cils.

C’était un jeune gars surnommé Manzanna.
Il avait l’air d’un gamin,
mais dans son cœur brûlait le dégoût, le mépris
lorsqu’il se heurtait aux tartuffes et à la duperie.
Le mensonge, à Cuba,
était paré de mille masques.
Il s’étalait dans les salons
et, dans l’auto du président,
il trônait comme un patron.
Il débitait dans les journaux des menteries,
et, dès l’aurore,
se relayant avec le rock’n roll,
à la radio braillait dans les micros.

Et donc le gars, surnommé Manzanna,
non pas pour la gloire mais simplement pour tous,
pour que Cuba apprit quand même la vérité,
avec des amis décida de prendre l’émetteur.
Et y surgissant avec un revolver,
à une chanteuse de charme arrachant le micro,
sa voix devenue celle de Cuba – courage, foi –
au peuple se mit à dire la vérité.
Seulement trois minutes !
Trois minutes, pas plus !

Et puis un coup de feu, et l’on n’entend plus rien…
La balle de Batista servit de point final
à son discours inachevé.
Et de nouveau, consciencieux,
un rock’n roll se remet à rugir,
et lui, désormais invincible, ayant donné sa vie
pour trois minutes de vérité,
gisait, jeune et heureux.

Jeunesse du monde, c’est à toi que je parle :
lorsque dans un pays gouverne le mensonge,
lorsque dans les journaux il est menti sans cesse,
souviens-toi de Manzanna, jeunesse !
C’est ainsi qu’il faut vivre et non s’amuser en oisif !
Marcher à la mort, oublier calme et confort,
mais dire, fut-ce trois minutes, la vérité !
Fut-ce trois minutes !
Qu’importe qu’on vous tue après !
»




   « Il y avait un homme riche qui s’habillait de pourpre et de fin lin, et qui chaque jour faisait brillante chère. Et un pauvre, du nom de Lazare, gisait près de son portail, tout couvert d’ulcères. Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche… Bien plus, les chiens eux-mêmes venaient lécher ses ulcères. Or, le pauvre mourut et fut emporté par les anges dans le sein d’Abraham. Le riche mourut aussi et on l’enterra » (Lc 16:19-22).


   Quelques réflexions du débat du jour :
   M. R. : « Le petit Manzanna sort de l’anonymat. Quand il prend d’assaut la station de radio, il a un revolver dans la main ; puis, quand il se met à parler, il a oublié son revolver et il se fait tuer… simplement pour déclarer la vérité. Je me demande si, pour aimer la masse, il ne faut pas justement sortir de l’anonymat ».
   M. D. : « Il y a lutte avec les gens qui vont écouter la radio ; il est évident que tous ces prolétaires cubains qui écoutent la radio sont saoulés par le rock’n roll et les bêtises qu’on leur raconte, mais ils ne sont pas entièrement dupes : c’est l’opium qu’on prend. Manzanna aime ces gens jusqu’au point de donner sa vie pour leur faire entendre la vérité ».
   M. C. : « Cela veut dire que, dans cet anonymat d’une masse exploitée, à un moment donné, quelqu’un est la conscience de tous et il parle. Manzanna est vraiment cette conscience qui parle pour tous. Il y a alors écho chez les autres… L’amour devient vraiment cette prise de conscience. Manzanna est porteur d’une réalité d’exploitation qu’il exprime et, en l’exprimant, il en porte le poids et en paie le prix ».
   M. D. : « C’est que, pour lui, il s’agit d’un combat ».



1992




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