Le roman inachevé d’un utopiste

Aux limites de l’impossible :
un « culte » pas ordinaire

En écoutant l’Alléluia de Hændel

   À Wittenberg, pour le quatrième centenaire de Luther, nous avons écouté à nouveau le Messie de Hændel (1), magnifiquement chanté par la chorale de la radio de Berlin. Dans le programme, on lisait que Hændel a été influencé par l’Utopie de Thomas Moore et par la lutte des paysans, ainsi que par le livre de Campanella sur La cité de Dieu. Cette utopie de l’homme, dans la vision eschatologique chrétienne particulière aux paysans de ce siècle, veut exprimer la victoire de l’homme…
   Cette interprétation a-t-elle été véritablement celle de Hændel ? Toutefois, aujourd’hui, nous nous situons dans cette affirmation que « Dieu est mort », c’est-à-dire que Dieu se dessaisit en quelque sorte de tout son prétendu pouvoir sur le monde pour tout remettre à l’homme. Alors demeure l’homme, image de Dieu et unique responsable du monde. Dans la victoire créatrice de l’homme, découvrons alors la gloire de Dieu.

   À l’écoute du Messie de Hændel retentit la grandeur de Dieu et sa puissance ! Jusqu’à ce jour, son « Alléluia » (2) nous avait saisis, émerveillés par la puissance d’un Seigneur régnant, dominateur et vainqueur !
   Nous sommes maintenant quelques-uns à le recevoir avec une sensibilité différente, refusant ce Dieu dominateur de la création, Seigneur écrasant les hommes de son altitude céleste. Nous aimons y découvrir et y admirer l’explosion de joie et la majesté de l’homme, serviteur de l’homme dans un monde où l’énergie humaine a transfiguré les servitudes aliénantes en œuvres pacifiques sur une terre habitable et accueillante à toutes les nations. Non ! Foin de la grandeur accablante ou paternelle d’un Dieu, là-haut, mais honneur de l’homme, vainqueur de l’opacité des choses ! Enfin, autrement, la gloire de Dieu dans l’accomplissement de l’homme !

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(1) Ecouter l’intégrale du Messie, interprétée par le Choir of King’s College de Cambridge.      

(2) Ecouter l’Alleluia du Messie, interprété par la Royal Choral Society.