ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Sur les bords du Jourdain

(Mc 1:1-13)




Le bâtard :

le samaritain



Sommaire
Prologue

La méthode

Le bâtard
- Introduction
- Le fils de Marie
- Le fils de prostitution
- Marie, femme prostituée ?
- Les récits sur Marie
- L’enfant sauvé par Yahvé
- Le samaritain
  . Conflit Jésus / juifs
  . Au puits de Jacob
    - Par la Samarie
    - Sychar et Jésus
    - Le puits, la samaritaine
    - L’eau vive
    - Le prophète
    - La question juive
    - La patrie de Jésus
- L’homme sans père
- Le fils de David
- Le fils de Joseph
- Qui est ma mère ?
- La mère de Jésus
- Le père de Jésus
- Résumé

De Nazareth au Jourdain
La crise spirituelle
La pratique du baptême
Recherche sur le discours
Le corpus du discours
Analyse du discours
Genèse du discours
Jésus, le nouvel Élie
Procès d’excommunication
Le délire et le désert
Des événements au texte



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Au puits de Jacob, à Sychar :
la Samarie, patrie de Jésus


   Le même évangile décrit ainsi le départ de Jésus de la Samarie : « Après ces deux jours, Jésus partit de là, pour se rendre en Galilée. Il avait, en effet, avoué lui-même qu’un prophète n’est pas honoré dans sa propre patrie » (Jn 4:43-44).

   Cette dernière affirmation est surprenante : quelle est la « propre patrie » de Jésus, la Samarie ou la Judée ? Logiquement, on doit affirmer que c’est la Samarie : Jésus en effet n’y reste que deux jours et la quitte car il sait bien qu’un prophète n’est pas honoré dans sa patrie.
   Mais – dira-t-on – la Samarie n’est pas sa patrie, puisqu’elle l’a honoré pendant deux jours. Une chose était pour lui de passer par sa patrie et de la visiter après une absence, autre chose d’y rester après s’être manifesté comme prophète. Sans doute aurait-il dû se manifester toujours comme prophète et répondre aux exigences du peuple, mais il aurait suffi d’une faiblesse, d’un recul, ou qu’il ne donne pas satisfaction aux exigences du peuple pour que celui-ci ne le reconnaisse plus qu’à la lumière de son existence originelle.

   Ce sens est confirmé par les évangiles de Marc et de Matthieu, où nous trouvons dans la bouche de Jésus cette même expression, mais à Nazareth (Mc 6:4 ; Mt 13:57). Personne ici ne conteste que la patrie de Jésus soit précisément Nazareth, les deux évangélistes l’affirment explicitement (Mc 6:1 ; Mt 13:56). La patrie n’est pas le pays où Jésus va, mais celui qu’il quitte(1).
   Mais comment l’auteur du quatrième évangile peut-il affirmer que la patrie de Jésus est la Samarie, alors qu’il affirme lui-même qu’il est de Nazareth (Jn 1:46) ? D’une part on ne trouve pas dans le quatrième évangile que Nazareth ou la Galilée soient « sa patrie », d’autre part l’origine de Jésus est trop ambigüe pour pouvoir lui assigner une patrie précise. En effet Matthieu, tout en affirmant que sa patrie est Nazareth, fait naître Jésus à Bethléem, l’insérant dans une ascendance davidique, donc judéenne ; Luc se comporte de façon analogue. On peut donc affirmer que, si Nazareth était le domicile de Jésus, il n’y était cependant pas né et, du fait que Bethléem ne doit être considérée comme sa ville natale que par rapport aux Écritures, le lieu de sa naissance est ailleurs. Le quatrième évangile, par l’énigme de l’allégorie, désigne le véritable lieu de la naissance de Jésus : la Samarie.

______________

(1) Hudry-Clergeon affirme : « cette patrie dont parle Jésus en un tel contexte ne peut être, pour Jésus, que la Judée » (Hudry-Clergeon, op. cit. p. 820). Il se fonde sur le commencement du récit, où Jésus quitte la Judée pour aller en Galilée, et sur le fait que c’est en Judée que Jésus trouvera l’opposition la plus radicale et la plus violente contre son prophétisme.
Je remarquerai d’abord que le logion de Jésus est placé par l’auteur au moment où il quitte la Samarie et non pas la Judée.
Je soulignerai encore que, selon le quatrième évangile, Jésus prêche aussi bien en Galilée qu’à Jérusalem. S’il quitte la Judée (Jn 4:3), c’est pour un temps seulement, et pour ne pas entrer en conflit avec Jean. Au contraire, il quitte la Samarie pour toujours. On pourrait insister aussi sur le fait qu’à propos du logion, l’évangéliste n’emploie pas le présent ni l’imparfait « il disait », mais le passé : « il avait avoué » ; ce passé implique bien que Jésus avait déjà prononcé le dicton aux samaritains, quand ceux-ci l’avaient prié de rester avec eux (Jn 4:40).   Retour au texte



1984




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