ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Les poèmes d’amour
de  Dante  Alighieri




Aux fidèles d’Amour :

amour et désir




Attribution douteuse XXII

À Chiaro Davanzati

  Già non m’agenza, Chiaro, il dimandare
ma’ che m’agenza amare e non cherere,
ché nullo uom deve sua donna pregare
di cosa che può lei danno tenere ;

  ma disioso nel desio restare
d’o[v]r[i]a d’amor, e in ciò mai
permanere,    
ché lo desio fa l’uomo megliorare
che ’l più malvagio isforza di valere ;

  e quel che viene in su la dilettanza
è di valer non mai si disioso :
perciò in cherer non fermo mia speranza.

  Ciò prova augel che più canta amoroso
si vien che compia la sua desianza,
sì d’è ’l cantar che sembia altrui noioso.


  Je n’aime pas, ô Chiaro, demander
J’aime plutôt aimer que m’enquérir :
L’homme ne peut la dame aimée prier
Pour une chose qui la peut férir,

  Mais rester désireux de désirer
L’heure d’amour et s’y maintenir,

Car le désir fait tout homme améliorer,
Il pousse le méchant à s’adoucir.

  Ce qui arrive en la réjouissance
C’est de cesser d’être encor désireux,
Donc je ne pose en quérir espérance :

  L’oiseau le prouve qui chante amoureux,
Mais s’il apaise sa douce appétence
Il fait son chant paraître ennuyeux.

Sommaire
Avertissement au lecteur
Capoversi
Premiers vers

Introduction

Aux fidèles d’Amour
- Noble ou roturière ?
- Bons et faux-jours
- Fidélité, plaisir, désir
- Amour et désir
- Amour et Béatrice
- Le vaisseau des fidèles
   d'Amour
- Désagrégation du
   compagnonnât
- Après Lappo
- Amour et cœur gentil
- Amour, volonté du
   cœur
- Violence et douceur
- Plaisir de cour
- Vengeance d’Amour
- Vision d’Amour
- Douleur d’amour
- La douleur en amour
- Remèdes d’amour
- Amour et aventure
- Déclin du fin amor
- De passion en passion
- Intelligence d’amour
- Poésie d’amour
- Un sonnet comme
   expression d’amour
- Poésie et musique
- Poésie allégorique
- Impitoyable, dédai-
   gneuse et superbe

Les soixante belles de Florence

Béatrice, dame du secret d’Amour

La dame gentille

Béatrice refuse de saluer Dante

De l’amour à la louange

Lamentations sur la maladie de Béatrice

Mort et glorification

La dame gentille

La Pargoletta

Le refus de la dame gentille

La dame-pierre



. . . . . . . - o 0 o - . . . . . . .

   Dante n’est pas convaincu par la réponse de Chiaro : il comprend par intuition la subtilité et la suavité de « la fin amor ». Il préfère désirer que demander sa récompense, car selon lui l’accomplissement de l’amour dans la relation physique implique une violence, pour ne pas dire un viol, qui offense la femme s’il n’est pas laissé à son choix. Il est convaincu que l’amour parfait est dans le désir. D’ailleurs, le désir cesse quand on cherche à le satisfaire, à preuve l’oiseau qui chante tant qu’il désire, et dont le chant devient ennuyeux quand il est satisfait. Dante est donc décidé à une pratique parfaite de l’amour courtois.
   La réponse de Chiaro n’est pas tout à fait opposée à la position de Dante, mais s’inscrit dans une autre optique, qui n’est pas courtoise. Chiaro reconnaît qu’on peut s’abstenir de demander si on pense qu’elle a déjà dit oui à l’amour dans son cœur. S’il a conseillé de demander, ce n’est pas pour s’imposer à la femme, mais pour rester soumis à sa volonté. Quant au mal que la femme ressent dans l’union charnelle, il ne faut pas oublier qu’elle y est résignée si elle est croyante, et que sinon elle ne se pose pas de problèmes. Chiaro est hors de l’amour courtois, il ne peut pas comprendre que l’amour est dans le désir, l’horizon de la poésie.


c 1977




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