ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Les poèmes d’amour
de  Dante  Alighieri




Aux fidèles d’Amour :

après Lapo et monna Lagia,
Dante et Béatrice




Attribution douteuse X
À Bernardo da Bologna

  Bernardo, io veggio ch’una donna vene
al grande assedio della vita mia
irata sì, che accende et caccia via
tutto ciò che l’aiuta e la sostene :

  onde riman lo cor, ch’è pien di pene,
senza seccorso e senza compagnia,
et per forza conven che morto sia
per un gentil disio ch’Amor vi tene.

  Questo assedio grande ha posto Morte,
per conquider la vita, intorno al core,
che cangiò stato quando ’l prese Amore

  per quella donna che sì mira forte
come colèi che sil pone in disnore :
ond’ assalir lo ven, sì ch’e’ si more.


  Bernard, je vois qu’une femme survient
Mettre un grand siège au centre de ma vie,
Si fâchée qu’elle chasse et incendie
Tout ce qui l’aide et fort la soutient.

  Mon cœur est seul et ses peines retient
Sans secours ni aucune compagnie
Et il convient qu’à la mort se confie
Par un gentil désir qu’Amour y tient.

  Ce grand siège a été mis par la Mort
Pour conquérir la vie autour du cœur
Qui bien changea quand il fut pris d’ardeur

  Pour cette dame qui le mire fort,
Parce qu’elle le prend en déshonneur :
Il est donc assailli et il en meurt.

Sommaire
Avertissement au lecteur
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Premiers vers

Introduction

Aux fidèles d’Amour
- Noble ou roturière ?
- Bons et faux-jours
- Fidélité, plaisir, désir
- Amour et désir
- Amour et Béatrice
- Le vaisseau des fidèles
   d'Amour
- Désagrégation du
   compagnonnât
- Après Lappo
- Amour et cœur gentil
- Amour, volonté du
   cœur
- Violence et douceur
- Plaisir de cour
- Vengeance d’Amour
- Vision d’Amour
- Douleur d’amour
- La douleur en amour
- Remèdes d’amour
- Amour et aventure
- Déclin du fin amor
- De passion en passion
- Intelligence d’amour
- Poésie d’amour
- Un sonnet comme
   expression d’amour
- Poésie et musique
- Poésie allégorique
- Impitoyable, dédai-
   gneuse et superbe

Les soixante belles de Florence

Béatrice, dame du secret d’Amour

La dame gentille

Béatrice refuse de saluer Dante

De l’amour à la louange

Lamentations sur la maladie de Béatrice

Mort et glorification

La dame gentille

La Pargoletta

Le refus de la dame gentille

La dame-pierre



. . . . . . . - o 0 o - . . . . . . .

   Sonnet adressé à Bernard de Bologne. Il est attribué à Dante ou à Cavalcanti, en fonction de la forme et des manuscrits. Contini penche pour Cavalcanti, surtout parce que Bernard avait été en correspondance poétique avec lui au sujet d’une jeune-fille, Pinelle, dont Cavalcanti célèbre la beauté ; mais cela n’exclue pas que Bernard ait aussi entretenu une correspondance avec Dante. Je penche pour Dante, parce que l’argument du sonnet n’est pas, contrairement à ce qu’affirme Contini, l’attitude de peur d’un amant – plus propre à Cavalcanti – mais la situation du poète devant la colère de sa bien-aimée, qui considère désormais leur relation comme un « déshonneur ». Or cette situation, comme nous le verrons, est propre à Dante après le refus de Béatrice de le saluer.
   Il s’agit donc d’un sonnet qui ne vise pas à exprimer sa plainte, mais à épancher son cœur affligé pour recevoir un réconfort de la part d’un ami.

   Ce sonnet nous informe sur des ruptures dans le cercle des fidèles d’Amour. Après l’éloignement de Cavalcanti et le repentiment de Lapo, maintenant c’est Dante qui, resté fidèle, est en rupture avec Béatrice et donc dans une situation de doute envers Amour. Les fidèles d’Amour ne se trouvent plus dans le vaisseau au milieu de la mer, pas seulement parce que les dames n’ont pas été satisfaites mais parce que les chevaliers d’Amour n’ont plus confiance en leur Seigneur.


c 1977




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th01080 : 10/04/2020