Les poèmes d’amour
de  Dante  Alighieri

  Savete giudicar vostra ragione,
o om che pregio di saver portate ;
per che, vitando aver con voi quistione,
com so rispondo a le parole ornate.

  Disio verace, u’ rado fin si pone,
che mosse di valore o di bieltate,
imagina l’amica oppinione
significasse il don che pria narrate.

  Lo vestimento, aggiate vera spene
che fia, da lei cui desiate, amore :
e ’n ciò provide vostro spirto bene ;

  dico, pensando l’ovra sua d’allore.
La figura che già morta sorvene
è la fermezza ch’averà nel core.

   Dante de Maiano, qui avait déjà répondu à Dante sur son sonnet sur Béatrice (V.N.III), envoie de nouveau un sonnet (R.XXXIX) sur une « vision » d’amour au sujet de sa relation avec une jeune femme. Une dame lui offre une guirlande de fleurs. Il la prend, mais aussitôt il se trouve revêtu de la chemise de la belle. Il l’embrasse cependant qu’elle rit, et ils font l’amour. L’ombre de sa mère morte survient.
   Peut-être Dante de Maiano fit-il ce rêve à la suite de la mort de sa mère, qui jette une ombre sur son amour : il veut que ses amis le rassurent. Et Dante le rassure, oubliant peut-être la vision vulgaire et sarcastique que cet ami lui avait envoyée pour sa vision de Béatrice : la chemise est signe qu’il sera aimé, le baiser en est le gage et l’ombre de sa mère témoin de leur fidélité.
   Optimiste, donc, comme il convient de l’être envers un ami. N’oublions pas que Cavalcanti avait donné une interprétation optimiste de son rêve sur Béatrice, alors que le récit oblige à penser le contraire.