ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Les poèmes d’amour
de  Dante  Alighieri




Aux fidèles d’Amour :

douleur d’amour




Rime XLII
À Dante da Maiano

  Qual che voi siate, amico, vostro manto
di scienza parmi tal, che non è gioco ;
sì che, per non saver, d’ira mi coco,
non che laudarvi, sodisfarvi tanto.

  Sacciate ben (ch’io mi conosco alquanto)
che di saver ver voi ho men d’un moco,
né per via saggia come voi non voco,
così parete saggio in ciascun canto.

  Poi piacevi saver lo meo coraggio,
e io ’l vi mostro di menzogna fore,
sì come quei ch’a saggio è ’l suo parlare :

  certanamente a mia coscienza pare,
chi non è amato, s’elli è amadore,
che ’n cor porti dolor senza paraggio.


  Qui que vous soyez, ce manteau de savant,
Ami, ne me paraît pas être un jeu :
Ainsi, en vous louant fort, je m’en veux
Car je ne peux vous satisfaire autant.

  Sachez bien (car je me connais pourtant)
En savoir devant vous je compte peu :
Alors que vous êtes sage en tout lieu
Je suis sur ce chemin comme un errant.

  Mais qu’il vous plaise écouter mon conseil,
Qui est hors du mensonge en vérité,
Comme il convient à qui doit être sage.

  Il m’apparaît sûrement qu’à tout âge
L’amoureux qui n’est pas autant aimé
Dans son cœur porte une douleur sans
pareille.    


Sommaire
Avertissement au lecteur
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Premiers vers

Introduction

Aux fidèles d’Amour
- Noble ou roturière ?
- Bons et faux-jours
- Fidélité, plaisir, désir
- Amour et désir
- Amour et Béatrice
- Le vaisseau des fidèles
   d'Amour
- Désagrégation du
   compagnonnât
- Après Lappo
- Amour et cœur gentil
- Amour, volonté du
   cœur
- Violence et douceur
- Plaisir de cour
- Vengeance d’Amour
- Vision d’Amour
- Douleur d’amour
- La douleur en amour
- Remèdes d’amour
- Amour et aventure
- Déclin du fin amor
- De passion en passion
- Intelligence d’amour
- Poésie d’amour
- Un sonnet comme
   expression d’amour
- Poésie et musique
- Poésie allégorique
- Impitoyable, dédai-
   gneuse et superbe

Les soixante belles de Florence

Béatrice, dame du secret d’Amour

La dame gentille

Béatrice refuse de saluer Dante

De l’amour à la louange

Lamentations sur la maladie de Béatrice

Mort et glorification

La dame gentille

La Pargoletta

Le refus de la dame gentille

La dame-pierre



. . . . . . . - o 0 o - . . . . . . .

   Encore Dante de Maiano : il envoie à Dante un sonnet anonyme (R.XLII), dans lequel il s’assimile à un orfèvre qui, tout en connaissant la malléabilité de l’or, en ignore la valeur monétaire. Il compose un sonnet, mais il ignore sa valeur poétique. Ce qui l’intéresse est moins la forme que la valeur du poème : quelle est la plus grande douleur en amour ? Dans l’élaboration du sonnet il se montre un vrai orfèvre de la parole, car il emploie une rime recherchée, un choix de mots difficiles, une articulation complexe.
   Dante s’aperçoit qu’il se trouve face à un versificateur savant, fort instruit dans le troubar clus, et il répond en employant la même rime, qui par conséquent apparaît plus ardue et difficile. Sa réponse : la plus grande douleur en amour est d’aimer sans être aimé. À la fin de son itinéraire lyrique dans la poésie d’amour Dante ne se posera plus la question, car il sera convaincu que, pour un poète, il est impossible d’être aimé par une femme : la poésie est une dame si exclusive qu’elle n’autorise pas le poète à aimer une autre dame qu’elle. Situation tragique du poète qui est contraint à mourir à l’amour s’il veut suivre la poésie, ou de mourir à la poésie s’il préfère s’abandonner à l’amour.


c 1977




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