ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Les poèmes d’amour
de  Dante  Alighieri




Aux fidèles d’Amour :

de passion en passion




Rime CXI
A messer Cino

  Io sono stato con Amore insieme
da la circulazion del sol mia nona,
e so com’egli affrena e come sprona
e come sotto lui si ride et geme.

  Chi ragione o virtù contra gli sprieme,
fa come que’ che ’n la tempesta sona
credendo far colà dove si tona
esser le guerre de’ vapori sceme.

  Però nel cerchio de la sua palestra
liber arbitrio già mai non fu franco,
si che consiglio invan vi si balestra.

  Ben può con nuovi spron punger lo
fianco,   
e qual che sia ’l placer ch’ora n’addestra,
seguitar si convien, se l’altro è stanco.


  Je suis avec Amour, qui me conquit
Dès la neuvième course du soleil :
Il bride et éperonne à son réveil,
Sous lui je sais qu’on rit et qu’on gémit.

  Qui raison ou vertu contre lui brandit
Fait comme qui au ciel donne conseil
D’un ton qu’il croit au tonnerre pareil
Sûr que la guerre des vapeurs faiblit.

  Mais dans le cercle clos de sa palestre
Le libre arbitre ne fut jamais franc
Et le conseil en vain s’y orchestre.

  Il peut piquer de l’éperon le flanc :

Quel que soit le plaisir qui le séquestre
On le suit, si l’autre est sur le flanc.

Sommaire
Avertissement au lecteur
Capoversi
Premiers vers

Introduction

Aux fidèles d’Amour
- Noble ou roturière ?
- Bons et faux-jours
- Fidélité, plaisir, désir
- Amour et désir
- Amour et Béatrice
- Le vaisseau des fidèles
   d'Amour
- Désagrégation du
   compagnonnât
- Après Lappo
- Amour et cœur gentil
- Amour, volonté du
   cœur
- Violence et douceur
- Plaisir de cour
- Vengeance d’Amour
- Vision d’Amour
- Douleur d’amour
- La douleur en amour
- Remèdes d’amour
- Amour et aventure
- Déclin du fin amor
- De passion en passion
- Intelligence d’amour
- Poésie d’amour
- Un sonnet comme
   expression d’amour
- Poésie et musique
- Poésie allégorique
- Impitoyable, dédai-
   gneuse et superbe

Les soixante belles de Florence

Béatrice, dame du secret d’Amour

La dame gentille

Béatrice refuse de saluer Dante

De l’amour à la louange

Lamentations sur la maladie de Béatrice

Mort et glorification

La dame gentille

La Pargoletta

Le refus de la dame gentille

La dame-pierre



. . . . . . . - o 0 o - . . . . . . .

   Cino da Pistoia est en exil : les guelfes, qui ont pris le pouvoir, en ont chassé les gibelins. Amoureux qu’il est et poète, aurait-il pu échapper aux regards désireux des jolies femmes ? Mais cette fois il ne s’agit plus d’une fille « verte », mais d’âge mur et libre, désireuse d’aimer et d’être aimée. Cino pense que c’est une chance que lui offre Amour avant qu’il tombe mort entre les Noirs et les Blancs, et alors que la Selvaggia a rompu définitivement avec lui, comme si elle était morte. Il écrit donc un sonnet à Dante pour recueillir son avis (R.CX).

   Dante, exilé lui aussi, se montre très flatté par ce sonnet et répond à l’ami dans la même forme, accompagnant son sonnet d’une lettre. Dans celle-ci il écrit en philosophe : si la puissance n’est pas épuisée par l’acte, elle doit être accomplie par un autre acte. Dans ce cas le désir, qui porte l’amour, doit être satisfait avec une autre personne si la première faillit à sa fidélité. Ce principe était conforme au code de l’amour courtois… surtout s’il s’agissait d’un homme à l’égard d’une femme.
   Mais il invoque aussi l’autorité d’Ovide, citant le conte sur les amours du Soleil et de Leucothoé. Soleil, ayant vu Cythère (Aphrodite) faire l’amour avec Mars, leur fit une plaisanterie en invitant les autres dieux, qui accoururent et rirent en découvrant les amoureux. Cythère se vengea en blessant Soleil, qui devint amoureux de Leucothoé, abandonnant toutes ses autres amantes, même Clytie, la dernière. Et Dante de rapporter dans sa lettre les paroles de Cythère à Soleil : « Voici que toi, qui de tes feux embrase la terre entière, tu t’embrases d’un feu nouveau et toi, qui vois tout, tu ne regardes que Leucothoé ». Ce fut sans doute un grand honneur pour Cino d’être assimilé au dieu Soleil, et sa nouvelle amante à Leucothoé ; cette fois c’est Dante qui cherche à se racheter pour avoir assimilé son ami à Phaéton.

   Dans le sonnet, qu’il nomme « Calliopé », Dante cesse de jouer au philosophe pour parler en poète, selon son expérience douloureuse en amour. Il s’était confié à Amour dès l’âge de neuf ans, et peut bien dire qu’il est impossible de lui résister et qu’il convient de toujours le suivre, même quand la personne à laquelle on était uni s’éloigne.


c 1977




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